SOTW #119 : HUMBLE., Kendrick Lamar

De retour aux affaires après des vacances j’oublie tout, je découvre avec des tympans tout neufs les sorties printanières et me suis forcément arrêté sur le nouvel arrivage de mon rapper favori, l’Angeleno Kendrick Lamar, déjà présenté par deux fois dans cette rubrique avec son ineffable « Backstreet Freestyle » (SOTW #13), extrait de son excellent premier album « Good Kid, M.A.A.D. City » (duquel je ne suis, quatre ans après, toujours pas lassé malgré d’innombrables écoutes), puis avec le single « i »(SOTW #32) qui annonça son oeuvre fleuve, l’imposant « To Pimp A Butterfly » en 2015, que pour ma part j’ai trouvé un peu trop consistant, trop plein, avec trop de jazz funk 70’s et dans lequel je n’ai jamais réussi complètement à m’immerger. Même si j’ai dansé (et je danse toujours) comme un fou sur « i », sans doute sa meilleure chanson.

« DAMN. », troisième album sorti mi-avril semble reprendre les choses là où Kendrick Lamar les avait laissées avec « Good Kid », dispensant un style minimaliste percutant et clairement hip hop sur lequel il plaque un propos très politique et combattif, aux côtés du mouvement Black Lives Matter, et cela résonne très fort dans les USA de Trump. Sa voix toujours juvénile, nasillarde et ironique est reconnaissable entre mille, son flow épique utilise avec une efficacité redoutable les onomatopées et répétitions, est tantôt punchy et rageur, tantôt smooth et séducteur, et ne cesse jamais de fasciner. En gros, c’est le meilleur dans sa partie et Kendrick Lamar est, à 29 ans et bien au delà du monde du rap, l’un des artistes les plus côtés du moment.

Il ne se gêne pas de le clamer dans le single éclaireur de l’album, ce « HUMBLE. » porté par un beat sec généré par une boîte à rythmes et un riff de piano très dark. La science du flow de Kendrick Lamar est ici impressionnante, il est malgré tout attentif à placer des gimmicks que le public pourra reprendre en choeur, tel ce « Sit down, be humble » (assieds-toi, sois humble) qui à lui seul donne au morceau une couleur pop. Le rapper fustige la superficialité de la société d’aujourd’hui, s’en prend à Photoshop et au consumérisme et bombe le torse en toisant la concurrence. Le clip est à ce titre éloquent (et très réussi). On ne saurait lui reprocher…