SOTW #1 [REDUX] : Speed, McAlmont & Butler

Première édition d’un petit plaisir musical hebdomadaire, un feuilleton mélomane qui je l’espère vous plaira (ou pas), vous intriguera. En tous les cas, ça m’intéresse de faire partager mes enthousiasmes… Et pour commencer cette série qui je l’espère sera régulière (chaque vendredi ou samedi par exemple), j’ai déniché un trésor oublié datant de 2006.

McAlmont & Butler est un duo anglais réunissant un chanteur soul assez incroyable, David McAlmont et le tout simplement meilleur guitariste britannique à mon goût, Bernard Butler (ex-Suede), également arrangeur hors-pair. En 1994, Butler n’a que vingt-quatre ans et est déjà en rupture de Suede, son superbe groupe néo-glam mené par le sémillant Brett Anderson. Les deux leaders ne peuvent plus se souffrir, leurs styles de vie sont devenus antinomiques et Bernard Butler est lassé du cirque Suede. Il décide alors de mettre sa Gibson Cherry Red ES-355 au service de David McAlmont, flamboyant chanteur britannique originaire de Guyana, à l’ample tessiture (une formidable aisance dans les aigus) et diffusant une émotion soul remarquable d’authenticité. Lors d’une séance marathon de trois jours dans un studio normand, le duo met en boîte le luxuriant single « Yes », avec section rythmique spectorienne et octet de cordes vibrant. Carton intégral public et critique qui hélas n’aura pas d’équivalent par la suite, malgré l’excellence de deux albums passionnants et d’un romantisme échevelé.

En 2005, le duo se reforme et commence à travailler de nouvelles compositions en vue d’un troisième album pour le label Rough Trade. De cet album fantôme, une seule chanson, ce « Speed » sera éditée, en single, et de manière bien confidentielle. Pourtant, ce « slowburn » spectorien tout en tension aurait mérité un autre destin. Epuisé et jamais réédité, ce chef d’oeuvre confidentiel est malheureusement introuvable ailleurs que sur Youtube, il n’est même plus sur iTunes… Quand on entend ce tempo si lent, martialement groovy, asséné par la batterie massive de Mako Sakamoto, les glissandos des violons, la luxuriance toujours pertinente de la Gibson de Bernard Butler, on à l’impression de se trouver au pied d’un Himalaya pop devant lequel on ne peut que se prosterner.

Si aujourd’hui, McAlmont & Butler ne se réunissent qu’à l’occasion de concerts exceptionnels, si le producteur invite toujours le chanteur à poser sa voix sublime dans les choeurs de disques qu’il réalise (Duffy, Sharleen Spiteri…), on aimerait toutefois que cet album fantôme soit enfin bouclé et édité. Il y a des injustices flagrantes dans le rock!