The Vines : les mauvaises graines de Sydney

Ça sortait d’où ? Sydney, Australie

C’était quoi ?

Possiblement une des meilleures choses que l’Australie ait exportée ces trente dernières années (avec la sitcom Hartley, Cœurs A Vif évidemment), The Vines secouèrent le petit monde du rock indé au début des années 2000. Fondé autour de chanteur-guitariste Craig Nicholls, le trio originaire de Sydney se fit remarqué grâce à l’attitude déjantées de son frontman. Avec leurs cheveux gras et leur look de branleurs, Nicholls et sa bande collectionnèrent les prestations live chaotiques à coup de beuglements incontrôlés et de larsens assourdissants. Mais en il aura fallu davantage pour décourager le trio australien de trouver sa place parmi la scène des groupes en « The ». En effet, c’est en studio avec le lancement de leur premier album que The Vines s’imposèrent comme l’une des formations les plus excitantes du début du siècle. Moins classiques que The Hives, plus excités que The Strokes, les Australiens sont aussi de ceux à qui ont doit le retour des Converse All Stars dans les cours de récréation et des amplis Orange dans les garages des adolescents.

Huit ans après la mort de Kurt Cobain, The Vines réussirent à unir les fans de grunge et de la British Invasion en distillant des titres pop-punk teintés d’une forte touche de psychédélisme. Si le succès se dissipa rapidement, et ce en partie à cause de l’instabilité chronique de Nicholls, atteint du syndrome d’Asperger, The Vines signèrent deux LP particulièrement délicieux qui marquèrent la première moitié de la décennie: « Highly Evolved » (2001) et « Riding Days » (2004). Il fut en effet une époque où les effervescentes scènes australiennes et néo-zélandaises semblaient être capable de rivaliser avec celles de Londres et New York. Mais malgré quelques tentatives de come back entachées par de nombreux concerts annulés et une poignée d’albums médiocres, le groupe tomba dans les oubliettes, incapable de renouer avec la finesse de ses deux premiers opus.

Une galette : Highly Evolved – Capitol Records (2002)

Derrière une des jaquettes les plus abouties de la décennie se cache une des plus belles surprises de l’année 2002. L’album ouvre en grande pompe sur la très crâneuse « Highly Evolved ». Nicholls et sa bande recyclent à merveille la formule couplets cleans refrains distordus (« Outtathaway », « Ain’t No Room », ou « In The Jungle »). Sur certains morceaux, les fantômes de Nirvana et de Soundgarden prennent carrément des accents psychés grâce à des chœurs planants particulièrement bien ficelés. En effet, le clou du disque réside dans la juxtaposition savante de chansons aux guitares poisseuses avec des ballades psychédéliques bien plus ambitieuses.

Aussi doué dans le rôle de l’adolescent excité le pied enclenché sur la fuzz (« Get Free ») qu’assis son derrière son piano, Nicholls montre une versalité remarquable tout au long du disque. Le clin d’oeil assumé au Fab Four est assumé sur « Factory » et son air enjoué à la « Obladi Oblada ». Le voyage dans les sixties s’intensifie sur la somptueuse « Homesick », peut-être la véritable pépite de ce premier opus grâce à ses accents lennoniens et à ses textes mélancoliques. Les rêveuses « Mary Jane » et « Autumn Shade » vont dans le même sens. Pas étonnant donc d’entendre le chanteur chanter « It’s 1969 in my head » sur le morceau de clôture de l’album.

Un hit en deux lignes : « Get Free »

Les Allemands appellent ça Zeitgeist, ou «l’art de capter l’esprit d’une époque ». Il est difficile de mieux faire le pont entre les nineties et les 2000’s en deux minutes et sept secondes.

La pépite à (re) découvrir : « Homesick »