N’allez pas dire que je ne colle pas à l’actu, le nouvel album de Baxter Dury « It’s A Pleasure » sera dans les bacs ce lundi 20 octobre. Et comme j’aime vraiment ce que fait cet artiste et que je suis très heureux d’avoir quelque chose de neuf venant de lui, voici « Palm Trees » le deuxième single qui en est issu. Certains se souviendront de son truculent géniteur, Ian Dury, qui à la fin des années 70 saupoudra de funk et d’argot cockney le punk anglais, avec des hymnes tels « Sex and Drugs And Rock n’Roll ». Son fils lui ressemble aussi bien au niveau physique qu’au niveau de la voix et de l’accent de Chiswick.
L’allure soigneusement négligée de Baxter Dury souligne toutefois un côté da06ndy qu’il décline avec une lassitude amusée. Musicalement, il a élagué en quatre disques (tous bons) une musique inspirée par la soul et les musiques urbaines britanniques pour n’en garder qu’un squelette synthétique minimal, inspiré dit-il par Kraftwerk. Cependant, la voix toujours à la limite de l’étranglement (aucun effort d’enjolivement ici, à la Lou Reed) et pourtant intéressante et très personnelle met en avant un côté totalement humain. Les thèmes abordés sont intimes, dressent le portrait d’un quarantenaire désabusé, se moquant de lui-même dans ses pathétiques tentatives de séduction. Et ça marche parfaitement, derrière la façade pop se dresse une tenace mélancolie.
Palm Trees est de ces « earworms » ultra-tenaces, une mélodie si évidente qu’elle vous cramponne aisément. Tout résidant dans de petits détails, de petites finesses et dans ces choeurs féminins (la Française Fabienne Débarre, chanteuse de We Are Evergreen) assez hors-normes en ces temps de gymnastes vocales R n’B. Une réussite supplémentaire chez cet artiste décidément doué, excellent sur scène (je l’ai applaudi à Dijon en 2011 et ce fut géant).
Le clip laisse un peu perplexe, cet homme nageant et courant sur la Costa del Sol, se retrouvant seul et hébété dans une ruine à la fin. C’est en fait un hommage cinéphile à le film mythique « The Swimmer » avec Burt Lancaster, où le héros en slip de bain se rend chez lui en traversant à la nage toutes les piscines de son quartier californien… Métaphore qui le conduit à sa disgrace et à sa folie. Quand je vous dis que la mélancolie est là…