SOTW #165 : White Coats, B.E.D

Pas de Brexit pour Baxter Dury. L’improbable et sarcastique crooner britannique a en effet bien souvent pris l’Eurostar pour réaliser le projet B.E.D avec Etienne de Crécy, musicien français estampillé French Touch et qui avait invité l’Anglais à poser sa voix dans son album « Super Discount 3 » sur le morceau « Family » en 2015. Dans ses bagages, il a emmené la chanteuse du groupe punk londonien Skinny Girl Diet, Delilah Holliday. L’acronyme formé par les initiales de leurs trois prénoms donnant le nom de ce groupe éphémère, B.E.D (Baxter, Etienne, Delilah). Et ces trois-là n’ont pas travaillé en s’envoyant des fichiers, mais en se retrouvant en studio, à l’ancienne, lors de sessions réparties sur un an. Etienne de Crécy, responsable de la musique, aime plaisanter en disant que la majeure partie du budget de l’album est passée dans l’achat de billets Eurostar… 

Dans son album « Prince of Tears » en 2017, Baxter Dury avait collaboré pour l’excellent et très bref « Almond Milk » avec Jason Williamson, le « rapper » du groupe anglais électro punk Sleaford Mods, dont il est grand fan et dont il apprécie grandement le côté « droit dans la gueule » et minimaliste. Nul doute que cette admiration a conduit le trio franco-anglais à établir un rigoureux cahier des charges qui conduirait leurs chansons vers l’épure, voire l’ascèse… Premier single de l’album, « White Coats » donne le la. Sur un beat de boîte à rythmes, un riff de piano martelé égrène une mélodie simple sur laquelle Baxter et Delilah se donnent la réplique, en un ostinato monocorde et c’est paradoxalement totalement catchy et très efficace. Un motif electro flottant arrive dans le dernier tiers de la chanson, et Delilah clot l’affaire avec un dernier couplet. Affaire conclue en à peine plus de deux minutes, durée moyenne des neuf chansons composant cet album, lequel affiche une durée totale de 19 minutes et 12 secondes, difficile de faire plus ramassé.  D’aucuns hurleront à l’arnaque, mais depuis quand la longueur fait elle les bons disques (ou les bons concerts, d’ailleurs) ?

Car il n’y a pas dans « B.E.D » un soupir inutile,  Comme « White Coats », d’autres pépites de pop électronique donnent envie de se jeter sur le dancefloor, tels le bagarreur « Tais toi » ou l’aérien et presque disco « Walk Away ». On trouve aussi des ballades très réussies, « Fly Away » et « But I Think » interprétées avec une grande justesse par Delilah Holliday, jeune artiste à laquelle il faudra absolument s’intéresser après ça! Mais ce qui frappe avant tout, c’est la grande cohérence de ce projet qui n’aura peut-être jamais de suite, ni de traduction en concert. Les trois individualités se sont fondues en une seule, faisant preuve d’une sidérante complémentarité, et l’ensemble est d’une absolue coolitude qui vous enrobe immédiatement. Et ça, c’est admirable !