SOTW #133 : Miami, Baxter Dury

Big in France. Baxter Dury connaît en effet beaucoup plus de succès de ce côté-ci de la Manche que chez lui. Difficile pourtant d’entendre un accent plus londonien dans une chanson pop qui ne soit pas du vaudeville. Alors serait-ce l’élégance fatiguée et narquoise de ce vrai dandy qui séduirait le public français ? Ajoutons l’utilisation massive du talk-over dans ses chansons, les choeurs féminins omniprésents, les arrangements de cordes ivres et l’on se croirait chez le Gainsbourg so chic du début des 70’s. C’est peut-être ce qui nous semble si familier et qui nous attire tant l’oreille chez lui.

Le fils de feu le truculent Ian Dury (« Sex and Drugs and Rock n’Roll », narquois tube funky de l’époque punk), qui avait posé à cinq ans sur la pochette de l’album de papa (« New Boots and Panties ») a la même ironie, le même mordant et le même accent de Chiswick que son père… Il a hérité aussi de son affection pour la musique soul qui a toujours bercé les nuits anglaises. Avec son dernier album « Prince Of Tears », Baxter Dury perfectionne un style initié en 2011 avec « Happy Soup » puis poussé plus loin avec « It’s A Pleasure » en 2014 (l’excellent single « Palm Trees » est la SOTW #29). Des voix féminines donc (celle, flûtée et aux antipodes des prouesses techniques R n’B et frimeuses dégoulinant sur les ondes, de Madelaine Hart qui joue aussi des claviers), de gourmandes lignes de basse, des batteries métronomiques, des synthés carillonnants et cette expressive voix grave et sexy (on pense aussi à Lou Reed et à Leonard Cohen) qui raconte de pitoyables aventures, entre spleen et ironie.

C’est le cas avec « Miami », single qui ouvre l’album, lancé par cette insistante et mémorable ligne de basse à la Billie Jean. Dury y incarne le connard absolu, l’ordure vantarde et nouveau-riche qui méprise tout ce qu’il considère inférieur à lui ou simplement faible avec une truculence et un amusement certain. C’est dansant, c’est décalé, c’est chic (les arrangements de cordes sont divins), c’est addictif. Le reste de l’album est bien sûr au niveau. Signé sur un label européen (PIAS), on peut raisonnablement espérer que, grâce au public français, Baxter Dury pourra cotiser pour sa retraite chez nous ! Ne le ratez pas en concert, il y est magnifique et généreux.

Anecdote croustillante de la genèse de cet album… Parti vivre à la campagne où il a écrit la plupart des chansons, Baxter Dury a été sonné par la victoire du Brexit, quand « des zombies racistes sans aucune empathie sont sortis de nulle part ». Baxter Dury est reparti illico à Londres !

Session live à Nova :