Oldie but goldie. Mon ami Simon me faisait remarquer l’autre soir combien Bernard Butler était un grand guitariste anglais, voire l’un des tous meilleurs et pourtant honteusement sous-estimé. Moi qui ai rédigé ma première chronique sur « Speed », épique morceau de McAlmont & Butler (SOTW #1) n’allais pas le contredire…
En 1993 et âgé d’à peine 23 ans, Bernard Butler faisait vrombir sa Gibson ES-355 de 1961 l’hymne de son groupe Suede « Animal Nitrate » et sa performance reste épique. La chanson ne l’est pas moins. Entraîné par son flamboyant chanteur Brett Anderson, genre de Bryan Ferry trash à la voix puissante, le quatuor avait une allure de gang. Glamour et danger, romantisme et crudité au programme. Suede a eu énormément de succès outre-Manche de 93 à 96 et fut le chaînon manquant entre le grunge et la britpop. Brett Anderson décrivait avec panache le quotidien de jeunes Londoniens vivant dans des apparts minables mais jouissant de sexe sans retenue, de musique et de drogues récréatives (le titre évoque l’Amyl Nitrate, en vogue dans les 90’s).
Musicalement, l’ambiance est à l’avenant. Suede faisait un néo glam rock des plus excitants, du Ziggy Stardust dans le texte (à l’époque, Anderson avait eu droit à la couverture du NME et à un entretien croisé avec David Bowie, lequel, en adoubant Suede, se plaça comme l’intouchable parrain de la nouvelle scène britannique). Et c’est une réussite totale, qui brillait au milieu d’un excellent premier disque, lequel fut suivi en 94 d’un chef d’oeuvre, l’extraordinaire « Dog Man Star », l’un des meilleurs disques de rock de tous les temps… Oeuvre aussi grandiose que malade, qui conduisit Butler à claquer la porte. Il fut remplacé par un jeune fan de Suede de 17 ans, Richard Oakes, capable de jouer du Butler dans le texte… Suede s’est reformé, avec panache, en 2013 après un hiatus de dix ans, sans Butler, aujourd’hui producteur reconnu.
Live 1993 (avec Bernard Butler) :
https://www.youtube.com/watch?v=uneYgPuxFJs
Live 2013 (avec Richard Oakes) :