SOTW #135 : Virile, The Blaze

La musique faite par des « producteurs » est celle qui marche le mieux en France et sans nul doute celle qui s’exporte le mieux. Dans le pire des cas, ça donne David Guetta, dans le plus que tolérable des individualités comme Petit Biscuit, the Avener ou encore le prometteur jeune Jurassien Aslove. Et dans le registre le plus enthousiasmant, même si on ne peut encore se fier qu’à un seul premier EP, The Blaze. Jonathan et Guillaume, jeunes trentenaires cousins dans le civil et basés à Dijon se sont avant tout fait remarquer grâce aux deux films qu’ils ont réalisés pour illustrer les deux pièces maîtresses de leur EP « Territory », « Virile » puis la chanson éponyme (celui-ci, narrant le retour d’un jeune Algérois dans sa ville, retrouvant famille et amis, a remporté un prix à Cannes).

Et l’écriture musicale du duo est en effet cinématographique, ample, évocatrice. Cette musique pourrait sans aucun mal servir de bande originale à bon nombre de films, mais une fois qu’on a l’image des clips collée à la rétine, on ne voit pas ce qu’elle pourrait illustrer d’autre. Comme si la musique avait été engendrée, ou tout au moins avait évolué avec les images. Pour « Virile », on retrouve deux garçons arborant tous les attributs du mec de cité (les acteurs sont extraordinaires) dans un appartement d’une banlieue bruxelloise qui passent une soirée à fumer des joints, à faire de la musique, danser et chahuter. Boum à deux, beau et fragile moment d’où émane une vraie tendresse, surtout quand l’extrême virilité affichée baisse sa garde au beau milieu de l’inhumaine solitude urbaine. Vidéo parfaitement à la hauteur vertigineuse du morceau.

« Virile » mêle deux éléments à priori antinomiques. D’un côté une rythmique house irrésistible, de l’autre des accords mineurs diffusant une mélancolie veloutée crève-coeur. Et que dire de la mélodie vocale, car il s’agit bien d’une chanson, sans refrain certes, mais cette voix distordue diffuse une émotion pure, une nostalgie palpable. Le texte parle de l’amour qui nous fait nous fondre dans l’universel, pour un ensemble d’une poésie à toute épreuve. Et ça fait un bien fou. Ce qui donne très envie d’entendre le premier album de the Blaze, prévu pour 2018.

Oh, come with me, we’re gonna burn a sunset
Just take your lighter, the sky will be better in red
We will find some love, and we will find some light
We’ll never be alone, ‘cause everything will be so bright