SOTW #117 : Missing Wires, Soulwax

Soulwax est une entité (plutôt qu’un simple groupe) qui refuse catégoriquement la moindre redite. Les deux frères Stephen et David Dewaele mènent une carrière très aventureuse depuis le début des années 90 et savent encore trouver le moyen de titiller leur curiosité en s’imposant des contraintes techniques et en élaborant des concepts futés et efficaces qui leur permettent de continuer à enregistrer et jouer de la musique loin de toute routine, de toute lassitude. Pour tromper l’ennui des longues soirées de tournée, les frères ont commencé à mixer sous le nom de 2 Many Dj’s (titre d’une chanson de leur second et meilleur album de rock « Much Against Everyone’s Advice », en 1998) avec le succès qu’on connait et ont pris goût à faire danser les foules enthousiastes sur leurs savoureux mashups. D’où le reboot du groupe rock opéré en 2005, lorsque les Belges sortirent « Nite Versions », soit le dernier disque « Any Minute Now », sorti en 2004, remixé en live et avec une vraie section rythmique. Concrétisant ainsi un idéal de mélange entre énergie rock, transe electro et rythmique house que n’ont pas renié des contemporains et amis comme LCD Soundsystem.

Depuis la grande tournée Nite Versions qui donna matière au documentaire « Part Of The Weekend Never Dies » (recommandé), Soulwax s’était effacé. Les frères Dewaele ont alors enchaîné les projets et les expériences (allez fouiller sur leur site Radio Soulwax, c’est une mine d’or), investi dans leur propre studio à Gand, Deewee, et monté un label du même nom avant de goûter de nouveau au rock grâce à l’écriture et l’enregistrement de la bande son du film « Belgica » pour laquelle il créent quinze groupes avatars de tous les styles, respectant leur immense spectre d’influences et de goûts. Comme the Shitz avec l’hyper catchy « How Long » (Song of the week #85). De quoi leur donner l’envie de réactiver Soulwax.

En partant du constat que ce qui est le plus excitant dans le rock, c’est la batterie, ils ont élaboré leur programme éphémère pour batteries et machines (« Transient Program For Drums ans Machines »), dispositif scénique comprenant pas moins de trois sets de batterie et des claviers analogiques, et parfois la basse du Soulwax Stefaan Van Leuven. Sept personnes y participent, dont le batteur de Sepultura (!) Iggor Cavalera. Sur scène, Soulwax déroule un mix d’anciennes et de nouvelles chansons. Ces dernières se succèdent sans blanc, façon DJ set, dans leur nouvel album « From Deewee », enregistré comme sur scène en une journée et en prise live en février 2017 dans le studio gantois. Outre la prouesse technique, c’est ce genre de défi qui excite Stephen et David Dewaele et qui permet à la musique de Soulwax de garder une vraie fraîcheur, en poussant plus loin le mélange de pop, de techno, de krautrock, de new-wave et d’énergie rock qui l’a toujours caractérisée. « Missing Wires » attaque par un tonnerre de batterie façon speed metal où viennent s’insinuer avec de plus en plus d’insistance des claps disco, laissant place à un riff de basse synthétique minimaliste sur lequel peut s’élever la voix cool de Stephen Dewaele. Les trois batteurs installent petit à petit roulements, breaks et mettent en place un tempo polyrythmique extrêmement dansant avant que le tumulte de batterie liminaire (Iggor Cavalera) n’achève ce joli jeu de construction. L’impeccable savoir-faire de Soulwax n’a pas fini de nous étonner…

Live 2016 Pitch Festival. Début chanson: 1’53 ».