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On The Rocks #17

thunderexpressL’info est tombée comme un coup de massue. A tout juste quarante ans, Robert Dahlqvist nous a quitté. Le guitariste suédois est parti trop tôt, lui qui s’était fait un nom avec les Hellacopters qu’il avait rejoint à la fin des nineties après le départ de Dregen. Armé de son Epiphone Crestwood cherry, il se distinguait par son approche hard blues de la six cordes, à la manière de Johnny Winter ou de Wayne Kramer. En 2004, le viking longiligne aux pantalons pattes d’éléphants et au look rétro avait tenté l’aventure solo avec Thunder Express, un projet mélangeant influences soul et rock stonien. Trois ans plus tard sort « Republic Disgrace », le second opus du band qui compte parmi ces membres certaines gloires de la scène rock suédoise, dont le guitariste Robert Perhsson (Death Breath) et Jesper Karlsson (ex-Diamond Dogs). En ajoutant une touche de power pop à la Cheap Trick, la bande à Dahlqvist signe un des disques les plus honnêtes de l’année. Sur le single « New York Gold » ou « Vegas », on se dit même que Thunder Express a bien plus de talent que ce que l’on aurait pu imaginer. Le groupe distille un rock catchy et efficace, ancré dans ce qu’il se faisait de meilleur au milieu des 1970s. Mais c’est en singeant les Rolling Stones sur « Republic Disgrace » et « Pick It Up » que les suédois se distinguent réellement. Riff de tueur, refrain à faire chavirer un chalutier en pleine mer Baltique, Thunder Express voit juste. Et quitte à jouer la carte Jagger-Richards à fond, Dahlqvist invite la chanteuse afro-suédoise Jaqee à venir enregistrer des choeurs de très haute voltige, histoire de se rapprocher le plus possible de ce que leurs idoles proposaient sur l’outro monumentale de « Gimme Shelter ». Quelques mois après la sortie de l’album, le grand blond aux boots de cuir noir renommera le groupe Dundertåget et optera pour la langue des prospectus Ikea. Un choix douteux, dont on aura malheureusement jamais l’occasion de débattre devant une mousse fraiche. Quel gâchis !

Année : 2007
Origine : Suède
Pépite : « Pick It Up »
Eat : Rollmops
Drink : Une bouteille d’aquavit

 

Crosby,_Stills,_Nash_&_Young_-_Deja_VuAlbum au succès incommensurable, « Déja Vu » met fin aux années 1960 de la meilleure des manières. Un disque fin, qui séduit autant le hippie que le fan de blues rock par la richesse de son interprétation, enrichi par la participation de Neil Young au supergroupe. Le canadien transcende le trio formé par David Crosby (The Byrds), Graham Nash (The Hollies) et Stephen Stills (Buffalo Springfield), tricote de solos de guitares bruts et distordus, et signe une des plus belles ballades de sa carrière avec « Helpless ». Steven Stills, quand il n’est pas à moitié saoul, lâche son bottleneck et prend le micro (« Carry On », « Woodstock »), de quoi prouver à ses camarades qu’il est bien plus qu’un excellent guitariste slide. Le groupe est miné par une guerre d’ego qui contraint ses membres à un perfectionnisme sans limite. Il faudra plus de 800 heures de studios afin de mettre en boîte ce qui reste un des plus beaux disques de l’histoire. Plus électrique que son prédécesseur, « Deja Vu » reste néanmoins un monument de la musique pop au sens noble du terme. En jonglant entre folk, rock, blues et country, le quatuor fait l’étale de tout son talent et devient le groupe préférée d’une jeunesse coincée entre les idéaux de paix du flower power et la révolte liée à l’envoie de jeunes soldats ricains partis répandre la parole de l’Oncle Sam au Vietnam (« Almost Cut My Hair » et ses paroles prônant la résistance hippie). En rendant hommage à cette génération sur « Woodstock », un titre originellement écrit par Joni Mitchell, Stills reconnaît que plus rien ne sera jamais aussi facile que pendant les sixties. Car oui, quand on a le talent de cette brochette de musiciens aux cheveux hirsutes et aux vestes à franges en cuir, tout paraît d’une étonnante facilité, même quand il s’agit de se prendre pour Paul McCartney sur la délicieuse comptine « Our House ». Pas étonnant que CSN&Y en ait vendu plus de 8 millions de copies.

Année : 1970
Origine : Etats Unis
Pépite : « Carry On »
Eat : Soupe de palourdes
Drink : Thé de chanvre

 

TCVQuand il ne sait pas quoi faire, Josh Homme pioche dans son carnet d’adresses et invite quelques potes à jammer. Après tout, quand on est pote avec Iggy Pop, Bobby Gillespie ou les mecs de Turbonegro, on se dit qu’il y a pire comme fréquentations musicales. En février 2009, le rouquin propose à Dave Grohl, un de ses plus fidèles compères, et John Paul Jones, bassiste légendaire de Led Zeppelin, de se mettre au boulot dans son studio de Burbank, dans la banlieue de Los Angeles. Homme amène les textes, et compte sur ces deux acolytes pour l’aider à façonner le son de ce nouveau projet qui fera ces débuts sur scène quelques mois plus tard à Chicago sous le nom de Them Crooked Vultures. Durant ces sessions d’enregistrement, le trio immortalise treize titres de rock dissonants, lourds et sexy, dans la lignée de ce qui a toujours fait la réputation de son frontman. John Paul Jones amène quant à lui une touche prog rock assez palpable (« Elephants », « Warsaw or the First Breath You Take After You Give Up »). Le super groupe se fait plaisir, et ça s’entend. Malgré des arrangements ambitieux et certaines longueurs, les deux ricains et leur héros de jeunesse n’oublient pas pour autant de concocter quelques pépites racées à faire exploser les enceintes de votre chaîne stéréo. Sur la plupart des morceaux, Dave Grohl prouve une nouvelle fois qu’il est bien plus utile au monde du rock derrière les fûts que devant un micro. Son jeu puissant et savant fait de « New Fang » le morceau le plus solide de l’album, un délicieux single aux accents pop qui a fait le bonheur des radios universitaires nord-américaines, dont celle dans laquelle j’officiais à l’époque à Philadelphie, sur le campus de l’Université de Pennsylvanie. A noter la participation remarquée du multi-instrumentiste americano-chilien Alain Johannes (Eleven, QOTSA) en guise d’homme à tout faire pour la tournée mondiale qui suivit la sortie de l’album. Quand on vous disait super groupe…

Année : 2009
Origine : Etats Unis
Pépite : « Caligulove »
Eat : Burrito de carne machaca
Drink : Tequila Sunrise