SOTW #83 : The Wheel, PJ Harvey

L’un des albums les plus attendus de l’année sera dans les bacs le 15 avril, mais avant que ne sorte « The Hope Six Demolition Project », PJ Harvey a balancé via un clip éloquent un premier single « The Wheel ». Et c’est extraordinaire. Premier signe musical depuis « Let England Shake » (« Written On The Forehead » qui en est issue a été Song of the Week #26) en 2011, cette chanson en creuse le sillon protest folk. Cette fois-ci, la musicienne s’inspire de ses voyages à travers le Kosovo, l’Afghanistan et ailleurs en compagnie du photographe de guerre Seamus Murphy. Le clip de « The Wheel » nous emmène au Kosovo et évoque les 28 000 enfants morts pendant la guerre qui s’y déroula. Se plaçant en tant qu’observatrice attentive et concernée, elle pose la question du rôle de l’artiste face aux tragédies du monde qui se succèdent dans l’indifférence du plus grand nombre, se sachant impuissante mais ne détournant pas le regard.

Musicalement, l’Anglaise du Dorset enrichit la formule initiée dans « Let England Shake » en y ajoutant de subtiles et inédites nuances. Comme ce sous-bassement de saxophone assourdi et de discrètes touches informatiques qui ancrent dans le sol ces myriades de guitares acoustiques et ce rythme insistant monté avec des claquements de mains. La voix persiste dans un registre aigu un tantinet hiératique et parfaitement idoine, soutenue par un choeur masculin à l’unisson. Si l’on est loin du blues déchiré primal et sexuel de « To Bring You My Love » qui en 1995 l’imposa définitivement comme une artiste cruciale, on s’incline avec le plus grand des respects devant un tel talent. Que j’aurai la chance d’applaudir au festival We Love Green le 5 juin.

Notons que l’album a été enregistré d’une drôle de façon. Avec ses partenaires habituels, Mick Harvey (ex-Bad Seeds), John Parish et le batteur français Jean-Marc Butty, elle s’est enfermée au milieu d’une kyrielle d’instruments dans le musée londonien the Somerset House. Le public était alors autorisé à assister à la performance de la création derrière des glaces sans tain lors de sessions de 45 minutes… La tension générée par un tel procédé semble avoir porté ses fruits…


A revolving wheel of metal chairs

Hung on chains, squealing
Four little children flying out
A blind man sings in Arabic

Hey little children don’t disappear (I heard it was 28,000)
Lost upon a revolving wheel (I heard it was 28,000)

Now you see them, now you don’t
Children vanish behind vehicle
Now you see them, now you don’t
Faces, limbs, a bouncing skull

Hey little children don’t disappear (I heard it was 28,000)
All that’s left after a year (I heard it was 28,000)
A faded face, the trace of an ear (I heard it was 28,000)

A tableau of the missing
Tied to the government building
8,000 sun-bleached photographs
Faded with the roses

And watch them fade out… And watch them fade out (ad-lib)