© Misha Vladimirskiy

SOTW #81 & #81bis : The Answer & Adore, Savages

Je vous gâte cette semaine. Pas une, mais deux songs of the week car je n’ai pas su (pas pu) les départager. Ce sont néanmoins deux titres de l’un des groupes les plus excitants du moment, Savages, combo franco-anglais intégralement féminin basé à Londres qu’en aucun cas je n’étiquetterais comme « girl band ». Après tout, demande-t’on à un groupe composé uniquement de mecs si c’est un « boy band » ? Ce que je sais par contre, c’est que ces quatre filles ont formé une entité d’une remarquable intensité. Car il en faut pour mériter de porter un nom pareil. Savages ne l’usurpe pas une seconde.

Second album de Jehnny Beth et ses musiciennes (Gemma Thompson à la guitare, Ayse Hassan à la basse et Fay Wilton à la batterie), « Adore Life » s’encaisse comme un uppercut en plein menton, mais diffuse en même temps une émotion déferlante. Et ce sont ces deux facettes complémentaires qui m’empêchent de choisir entre la frénésie vitale et brutale de « The Answer » (quand Jehnny chante « If you don’t love me, you don’t love anybody, ain’t you glad it’s you » (si tu ne m’aimes pas, tu n’aimes personne, n’es-tu pas heureux que ça tombe sur toi) on frémit d’en être convaincu. La furieuse batterie à contretemps, les implacables riffs de guitares et le chant guerrier à la Siouxsie Sioux diffusent une rage positive et bienfaisante) et le romantisme noir tout en combustion lente de « Adore ». Chanson poignante, ode à la vie tordue qui aurait pu faire partie du répertoire de P.J. Harvey à ses débuts, un poil gothique mais sachant s’élever en un troublant crescendo jusqu’au climax final. Le son, quant à lui, est d’une aveuglante noirceur, fruit de l’excellent travail de Johnny Hostile à la réalisation.

P.J. Harvey qui est d’ailleurs l’une des supportrices les plus enthousiastes du quartet, aux côtés de Josh Homme de Queens of the Stone Age et d’Etienne Daho. De telles figures tutélaires du bon goût musical ne sauraient mentir. La Française Jehnny Beth possède en plus une remarquable intensité scénique. Laissons-nous envoûter par son irrésistible charme.