SOTW #131 : Over Everything, Courtney Barnett & Kurt Vile

Court and Kurt… Voilà une association qui semblera un rêve devenu réalité à tous les indie-rockers et poppers. D’un côté Courtney Barnett, rockeuse australienne dont j’ai déjà tressé les lauriers dans cette rubrique (avec deux extraits de son excellent premier « véritable » album, « Sometimes I Sit and Think and Sometimes I Just Sit », « Pedestrian At Best » (SOTW #50) et « Nobody Cares If You Don’t Go To The Party » (SOTW #77)), de l’autre Kurt Vile, folk rocker américain, ex-guitariste de the War On Drugs et auteur de déjà cinq très estimables albums solo. Un océan et un continent séparent Melbourne de Philadelphie, mais les deux auteurs-compositeurs, appartenant à la même caste de musiciens viscéralement indépendants, se sont souvent croisés sur des festivals et ont bien vite sympathisé. Confessant un sens de l’humour identique et une vision du rock concordante, leur camaraderie s’est muée en une sincère amitié. Appréciant le travail de l’autre, ils en ont chacun de leur côté repris des chansons en concert, et quand Kurt Vile propose à Courtney Barnett d’enregistrer une de ses nouvelles compos en duo, celle-ci accepte chaleureusement. « Over Everything » est couchée sur bande à Melbourne quand Kurt Vile tourne « Down Under »….

Ample chanson au tempo tranquillement folk rock, « Over Everything » tend alternativement le micro aux deux chanteurs sur les couplets, les voix se rejoignant sur les refrains… L’ambiance, d’une coolitude absolue (en anglais, on dirait « laidback ») est moelleuse et on s’y love avec délice. La mélodie et l’atmosphère rappellent « Rock n’Roll » du Velvet Underground, la voix de Kurt Vile n’étant d’ailleurs pas sans évoquer celle du Lou Reed de la fin des sixties. Impériale en bagnole (j’ai fait le test, c’est imparable…), « Over Everything » s’étire en une longue coda qui diffuse de si bonnes vibrations qu’on en redemande. Le tout enfin est d’un naturel absolu, sans aucune frime ni manifestation d’égo. Ces deux-là étaient faits pour s’entendre et travailler ensemble. Le clip où Court devient Kurt et Kurt Court est à cet égard aussi troublant qu’amusant.

Le reste de l’album « Lotta Sea Lice » (qu’on peut traduire par l’absurde « un paquet de poux de mer ») respecte cette vitesse de croisière. Les amis reprennent des chansons de l’autre, en partagent d’autres (on notera le joli et folk « Continental Breakfast », signé Vile), reprennent Tanya Donnelly (avec une chanson de son groupe Belly) et interprètent une composition de la compagne de Courtney Barnett, Jen Cloher (le magnifique « Fear Is Like A Forest », qui sonne comme du Crazy Horse). Notons pour les aficionados que des membres des Dirty Three et de Warpaint accompagnent tout en souplesse le duo sur le disque. Bref, une parenthèse musicale qui tient chaud et qu’on chérira cet automne.

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