SOTW #127 : Call the Police, LCD Soundsystem

Le retour de la Song of the Week coïncidant avec le jour de ma fête, je me fais le plaisir égoïste et pourtant partageur de vous soumettre l’un des morceaux phares du nouvel LCD Soundsystem, « American Dream », qui présente toutes les qualités pour figurer dans le Top 5 des albums de l’année de tout palmarès critique qui se respecte. Et signe des temps, temps troublés pour les Etats-Unis en 2017, temps troublés pour le monde entier en 2017, « Call the Police » est une chanson castagneuse, qui fustige les peurs et les replis sur soi qui montent des murs entre les gens, les peuples… A 47 ans, James Murphy revient au devant de la scène avec une mission et s’en acquitte avec un brio forçant le respect.

J’avais déjà fait part de mon admiration pour le groupe new-yorkais lors de son retour scénique en 2016 (SOTW #108), celle-ci ne faiblira pas avec ce quatrième et nouvel album. Moins festif que les précédents (les morceaux punk-funk et purement dansants y sont en effet moins nombreux), plus introspectif et profond mais tout aussi puissant et percutant, il permet à James Murphy de creuser son sillon stylistique sans pour autant donner dans la redite. C’est encore une fois l’oeuvre presque solo de Murphy, les autres membres du groupe, essentiels sur scène, n’étant ici que pour ajouter quelques petites touches à l’ensemble. Seul le guitariste anglais Al Doyle (membre des très bons Hot Chip) participe plus avant à la composition, à l’enregistrement, aux claviers et bien sûr à la guitare, excellente tout au long de l’album.

« Call the Police » est ce que LCD Soundsystem a fait de plus majestueusement rock. J’entends par là majestueux à la « Heroes » de l’influence numéro un David Bowie, mêlant le gros son, l’expérimentation et l’émotion pure. Il y a en effet un feeling très fin 70’s dans le morceau, avec cette intro de boîte à rythmes antédiluvienne, cette basse très présente jouée en haut du manche sur laquelle repose l’édifice, cette batterie sèche et serrée, presque punk, cette « snake » guitar, guitare sinueuse au son plaintif qu’on retrouvait dans les disques pop de Brian Eno et ces amples choeurs en mille-feuilles. Et évidemment, marque de fabrique des compositions signées James Murphy, la chanson gagne en puissance à mesure qu’elle avance, la voix est de plus en plus étranglée, le son de plus en plus plein et l’effet est garanti, nous emmenant vers l’extase. Nul doute que ce titre sera l’un des temps forts de tous leurs concerts à venir.