Kettering, bourgade assoupie du Northamptonshire, dans les East Midlands, est toutefois suffisamment éloignée de Londres pour avoir généré son propre écosystème. Et Temples est le premier groupe ayant réussi à placer la ville sur la carte musicale de l’Angleterre. Les quatre jeunes gens aux luxuriantes chevelures (stylées façon pop stars de l’année 1970) avaient réussi un coup de maître en 2014 avec un premier album « Sun Structures » assez épatant, qui réussissait à ressusciter tout un pan du rock pop et psychédélique britannique (Kinks, Small Faces, early Pink Floyd, Stones ou T Rex, avec « Revolver » des Beatles en mètre étalon) en une relecture séduisante et surtout pas passéiste. Et surtout en balançant d’excellentes chansons, élégantes, distinguées mais très énergiques telles « Colours To Life », « Keep It In The Dark » et bien sur la liminaire « Shelter Song ».
Ecosystème musical, donc, car la tête pensante du groupe, James Bagshaw (avec ses boucles brunes et son look à la Marc Bolan) est à la fois le principal compositeur et guitariste, le chanteur et le producteur de Temples. Qui n’était d’ailleurs au début qu’un projet de home studio concocté avec le bassiste Tom Walmsley (à l’allure entre glam et goth) qui leur a tant plu qu’ils décidèrent alors de trouver des musiciens parmi leurs amis pour transformer cet essai en véritable groupe. Après le succès international de « Sun Structures » qui leur a permis de massivement tourner et de faire remixer par les Australiens fous de Jagwar Ma, ils se sont remis à l’ouvrage pour écrire un second album qui ne saurait sonner comme le premier…
Si l’écriture reste la même, le son est devenu plus bouillonnant, plus fiévreux dans ce bien nommé « Volcano ». Et le premier single qui ouvre l’album, « Certainty » a des allures de tourbillon, basé sur un démoniaque riff de claviers qui pourrait servir de bande son à une version acide d’ « Alice aux Pays des Merveilles »… On est ici en pleine excentricité britannique. La lourde basse synthétique de l’intro, la batterie tout aussi massive ne sauraient indiquer la vertigineuse légèreté de l’ambiance. Ce gimmick si puissant peut vous rester dans le crâne une semaine entière. Le chant de James Bagshaw tutoie l’éther, dessinant d’une voix haute bourrée de reverb et d’effets une mélodie à tiroirs à la fois ultra poppy et désorientante. On avait un adjectif pour ce genre de sensations dans les sixties, on disait « lysergique ». Temples les déclenchent cinquante ans plus tard avec brio… Gageons qu’on aura la chance de les applaudir en festivals cet été.
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