En Suède, le rock se porte bien. Et ce en partie grâce aux Hellacopters, qui ont d’ailleurs fait leur grand retour sur scène cette année. Groupe phare de la scène garage punk des années 1990, les hélicoptères de l’enfer optent pour un virage classic rock au début de la dernière décennie après des années passées à maltraiter nos tympans à coup de riffs mastodontes et de solo déjantés. En effet, le très policé « Rock & Roll is Dead » est bien loin des premiers opus des Suédois. Avec ses accents boogie rock (« Before The Fall », « I Might Come See You Tonight »), le sixième album des ‘Copters sent bon la power pop américaine (« Everything’s On TV », « I’m in the Band », « Make It Tonight »), la soul bon marché (« Leave It Alone ») et le rock sudiste à la Creedence Clearwater Revival (« No Angel To Lay Me Away »). Fort de sa production ultra léchée et ses refrains bon enfant, « Rock & Roll is Dead » se démarque comme étant le disque le plus abordable du combo scandinave. Tels de véritables conservateurs de musée, les Hellacopters proposent un patchwork dense et complet de quarante ans de rock nord américain. On pourra toujours leur reprocher leur manque d’originalité, le groupe emmené par Nicke Andersson, couvre chef vissé sur tête et Epiphone Crestwood en main, est capable de faire du rock n’roll comme les Américains ne savent plus en faire. De quoi séduire des vieux de la vieille, comme le chanteur de Detroit Scott Morgan (ex-Rationals et fondateur du mythique Sonic’s Rendez Vous Band) ou Steven Van Zandt (E Street Band, qui accompagne Bruce Springsteen depuis des lustres). Ce dernier qualifiera même « Nothing Terribly New » des Hellacopters de meilleure chanson garage rock de sa décennie.
Année : 2005
Origine : Suède
Pépite : « Everything’s On T.V. »
Eat : Des toasts au saumon
Drink : Une pinte de Tuborg pression
Plus de quarante ans après sa formation, KISS divise encore. Considéré comme une supercherie par certains, adulé par d’autres, le groupe new-yorkais reste néanmoins un des derniers éléphants du rock des 1970s à remplir des stades aux quatre coins de la planète. Les détracteurs de KISS y voient souvent un hard rock bubblegum de mauvais goût, image renforcée par le maquillage façon « Chevaliers du Zodiac » de ses membres et le timbre de voix très racoleur de son frontman Paul Stanley. Car on est bien obligé de l’admettre, passé 1977 et le fabuleux « Destroyer », KISS n’effraye plus personne. Il n’empêche que ses premiers disques ont popularisé le glam rock bon marché et accrocheur dans bien des contrées reculées des États-Unis. Enregistré en à peine trois semaines à l’automne 1973 à New York, ce premier opus à la pochette inoubliable ne se vend qu’à 75 000 exemplaires et peine à faire décoller le band fraîchement signé sur le label Casablanca. Ce succès limité pousse le groupe à tourner dans le Midwest, à durcir son style sur scène jusqu’à en faire une véritable bête de foire, de quoi convaincre l’Amérique rurale et puritaine qui méprise l’avant garde new-yorkaise. « Strutter », « Deuce » et la très lourde « Cold Gin » prennent une toute autre dimension en live, boostées par l’énergie débordante de la section rythmique très solide formée par le batteur Peter Criss et Gene Simmons, ainsi que les solos de l’inclassable Ace Frehley. C’est dans ce premier album que l’on trouve la quintessence de KISS, un groupe bien plus sérieux qu’il en à l’air. Plus pop qu’Alice Cooper, moins brouillon que les New York Dolls, KISS a fait découvrir le hard rock efféminée à une Amérique moribonde en manque de frisson, influençant des milliers de jeunes loups qui rejoignirent en masse les rangs de la Kiss Army. Allez demander à Ty Segall, Public Enemy, Billy Corgan ou aux Daft Punk ce qu’ils pensent de KISS. Vous risquez d’être surpris.
Année : 1974
Origine : Etats Unis
Pépite : « Deuce »
Eat : Un paquet de sucettes au cola
Drink : Un gin bon marché
Groupe atypique au milieu du renouveau garage et des groupes en « The », le Black Rebel Motocycle Club débarque au début du 21ème siècle avec un rock lourd teinté de blues qui conquiert rapidement l’Europe. Formé à San Francisco, le BRMC, comme le surnomme ses fans, ne jure que par le shoegaze anglais des années 1980, The Jesus and Mary Chain en tête, et le rock planant des années 1960. Ce mélange surprenant place le power trio californien en tête des nouveaux groupes à suivre selon le NME. Après un excellent premier album éponyme sorti en 2001, le BRMC lance « Take Them on, on Your Own » deux ans plus tard. Dès les premières notes du disque, l’ambiance est donnée : la basse de Robert Levon Lee pose les bases d’un rock racé sur lequel viennent fleurir des guirlandes de guitares abrasives pleines de distorsion. Le chant, que se partage Levon Lee et le guitariste Peter Hayes, est d’une arrogance rappelant celle des frangins Gallagher. « On ne vous aime pas, on vous juste vous essayer », scande le BRMC sur le très insolent « Stop », morceau d’ouverture de l’album. Dans un déluge de larsen et parties de basse maléfique, le groupe nous transporte dans son univers fait d’asphalte, de blousons en cuir et de vieilles bécanes. Un poil psychédélique, le son du gang californien fait le grand écart entre Spaceman 3, Spiritualized et les bluesmen du delta du Mississippi (« Ha Ha High Babe », « Generation »), pour le plus grand bonheur des rockeurs des deux côtés de l’Atlantique. Près de quinze ans après sa sortie, « Take Them on, on Your Own » continue de faire l’unanimité. Un des disques de rock psyché les plus hallucinants de ces vingt dernières années.
Année : 2003
Origine : Etats Unis
Pépite : « In Like The Rose »
Eat : Burrito Barbacoa
Drink : Jim Beam Pepsi