Pixies

On The Rocks #8

PixiesSorti en avril 1989, « Doolittle » annonce déjà les nineties. Troisième album des Pixies, le disque est le premier opus du groupe de Boston à bénéficier d’une distribution internationale. Et il le mérite bien. Voilà quinze titres enragés, alternant entre pop candide et rock distordu décapant, relevés par les intonations nasillardes de Franck Black, une sorte de Neil Young indé des 1980s, véritable génie à l’allure de vendeur de hamburgers au diner du coin. Le talent des Pixies se retrouve dans la versatilité des morceaux, capables de vous faire changer d’humeur et d’atmosphère en un accord. Après avoir travaillé avec Steve Albini sur le très prometteur « Surfer Rosa », les lutins engagent Gil Norton à la production. Norton fait passer le groupe du rock adolescent de « Debaser » à la tension électrique malsaine de « Tame » ou « Dead » avec brio. Mais malgré les avalanches de distorsion et de riffs dissonants, les Pixies se démarquent par leur talent à distiller des refrains pop qui marqueront toute une génération de teenage rockeurs américains, Kurt Cobain, Brian Molko et Rivers Cuomo en tête. Les très accrocheuses « Wave of Mutilation », « Monkey Gone To Heaven » ou la géniale « Hey » feront de Franck Black et sa bande le groupe le plus insolite de la côte Est en cette fin de décennie marquée par le heavy metal décomplexé et la soupe ringarde qui polluent les FM du monde entier. Sophistiqué, malsain, et à la fois tellement puéril et spontané, « Doolittle » consacrera cette joyeuse troupe aux faux airs de nerds, qui n’a pas eu peur de singer Morissey et les Smiths sur « La La Love You » et les Beach Boys sur le tube surf « Here Comes Your Man ». La très puissante « Gouge Away », pleine de références bibliques, vient clore cette orage punk-pop avec brio. A écouter sans modération, peu importe l’humeur et la saison.

Année : 1989
Originie : Etats-Unis
Pépite : « Hey »
Eat : Gauffres au sucre glacé
Drink : Rhum ambré à la vanille

 

ACDCLa légende veut que l’aîné des frères Young ait débuté sa carrière dans un band obscure au doux nom de Velvet  Underground, à Newcastle, en Nouvelle Galles du Sud. On est pourtant à des années lumières de la Factory d’Andy Warhol et des inclinations artsy de Lou Reed. Avec son petit frère Angus, Malcolm a autre chose en tête : la bière, le blues et les gonzesses. Pour faire passer le message, il fait appel à Bon Scott, un autre immigré écossais réputé pour son impressionnante descente (qui lui sera d’ailleurs fatale) et son amour de la gente féminine. AC/DC frappe fort, très fort. Ici, pas de fioriture, du rock néandertalien soutenu par des riffs aiguisés et une voix de camionneur en colère. Rien de bien compliqué vous me direz, un mur de Marshall, une Gibson SG, et du blues martelé à vous faire exploser les tympans. Sur scène, le groupe impressionne. Au bar aussi, et ça s’entend dans les chansons du combo australien. Lancé en 1976, « High Voltage » compile les meilleurs titres des premiers opus du groupe. Il doit servir de passeport pour faire voyager le band à travers le monde et conquérir des nouveaux fans. Sans faire dans la poésie (« She’s Got Balls », « The Jack »), AC/DC séduit par son honnêteté à toute épreuve. Simple et efficace, les morceaux vont droit dans le mille. Alors qu’à la même époque, les ténors du hard rock s’enfoncent dans le rock progressif et les arrangements sans fin, les frangins Young ramènent le rock à son état le plus brut (« It ‘s A Long Way To The Top », « High Voltage », « TNT »). Souvent copié, jamais égalé, « High Voltage » imposera le hard rock dans bien des chaumières.

Année : 1976
Origine : Australie
Pépite : « Live Wire »
Eat : Un T-bone steak
Drink : Jack Daniels on the rocks

 

WeezerTroisième album de Weezer, le « Green Album » comme le surnomme les fans du groupe de Los Angeles, offrira les portes du succès international à la bande à Rivers Cuomo. Le groupe s’était déjà fait un nom aux Etats-Unis en 1993 avec le single « Buddy Holly », tiré de leur premier opus (« The Blue Album ») paru chez Geffen Records mais c’est « Island In The Sun » et ses accents britpop qui consacreront Weezer en Europe. En véritable  architecte de la mélodie pop, Cuomo a mis au point une recette implacable. De puissantes guitares ultra-saturés, un chant mélancolique et des harmonies vocales rappelant les Beach Boys. Facile d’accès, lisse et terriblement accrocheur, le « Green Album » est un délice de power pop qui sent bon la fin de l’été et la rentrée à la fac. Sur « Photograph », « Oh Girlfriend » ou « Simple Pages », Cuomo replonge dans l’adolescence et nous ramène à nos premiers amours estivaux. Car sous ses airs joyeux et décalés se cache un vraie mélancolie, qui fait de Weezer un des groupes pop les plus singuliers de la scène indé des années 1990. Rarement pris au sérieux en Europe, le groupe est une véritable institution loin de nos contrées, rassemblant des milliers de geeks addicts aux refrains mielleux du band aux quatre coins du monde (Etats-Unis, Japon, Brésil). Le groupe a d’ailleurs fait un retour plutôt réussi sur les devant de la scène cette année avec la sortie du… White album, son dixième. Bien vu.

Année : 2001
Origine : Etats Unis
Pépite : « Photograph »
Eat : Sucette Chupa Chups au cola
Drink : Milk shake à la banane