Little Bird

[WYOMING] Little Bird de Craig Johnson

Parfois, on ne comprend pas forcément ses propres goûts. Personnellement, je suis très peu portée sur la lecture de policiers, thrillers, polars, romans noirs. Et pourtant j’adore certaines créations du genre sur grand et petit écrans ! Dernièrement encore j’ai dévoré l’excellente série franco-suédoise Jour Polaire, à l’atmosphère si spéciale.

Voilà où tout se joue au final, pour n’importe quelle lecture : l’atmosphère. Pas forcément angoissante, pas forcément crépusculaire, mais tangible, hors du temps tout en étant crédible, collant à la peau des personnages. Ensuite,  qu’importe l’intrigue (sauf si ça parle d’espionnage et de politique, là je passe mon tour !).

C’est ce que réussit à merveille Craig Johnson dans Little Bird, premier opus de sa série consacrée au shérif Walt Longmire (un peu à l’image de l’auteur, véritable cow-boy), qui s’occupe d’un petit comté dans le Wyoming. Petite communauté tout ce qu’il y a de plus banale dans le midwest, mais dont la tranquillité va être troublée par le meurtre d’un jeune gars du coin peu apprécié. Et pour cause, celui-ci avait été condamné quelques années plus tôt dans l’affaire du viol d’une jeune native handicapée mentale.

Walt Longmire, bientôt à la retraite et lassé de son travail, va devoir se remettre en selle pour arrêter le coupable. Et la tempête gronde.

On s’attache immédiatement à ce sexagénaire débonnaire, pris d’une mélancolie liée à un veuvage qui le pèse, loin du cliché du flic torturé. Walt, c’est le mec qu’on aimerait emmener à la pêche avec soi, puis avec qui on boirait quelques bières autour d’un barbecue. Ce roman policier réussit le tour de force de présenter la vie d’une petite ville de manière légère et parfois très drôle, sans occulter la part sombre de tout un chacun, et qui sous ses airs de policier du terroir est en fait une belle peinture des sentiments humains. A cela s’ajoute une évocation sensible des paysages, plaines et forêts, d’un état peu connu chez nous !

Ces éléments captivent l’attention, dans l’avancement de l’enquête (somme toute assez banale), jusqu’au twist final bien ficelé, déroutant et dramatique.

Sortez des sentiers battus et n’hésitez plus : le polar campagnard est la nouvelle valeur sûre du roman noir !

Little Bird (The Cold Dish)
Craig Johnson
2009 pour la traduction française, 2004 pour l’édition originale
Éditions Gallmeister et Points

N.B.: Les aventures de Walt ont rencontré un tel succès qu’elles ont été portées sur petit écran il y a quelques années, avec 5 saisons dont 2 produites par Netflix (inédites en France, à part une vague diffusion sur D8 à l’époque).