On pourra se dire qu’il y a eu des crus plus juteux que cette année de victoire des Bleus en Coupe du monde. La planète rock est restée plutôt timide. Il n’empêche que, tradition oblige, je vous ai concocté ma petite liste des dix-huit albums qui auront marqué ces douze derniers mois par leurs qualités et leurs contributions à consolider un genre pas vraiment décidé à trouver de nouvelles figures de proue. Est-ce grave docteur ? Pas vraiment. « No More Heroes » chantaient The Stranglers en 1977. Quarante et un an plus tard, on en est là.
Le rock n’roll continue de faire rêver dans des proportions plus modestes et la discrétion dont il fait part ses derniers temps n’a fondamentalement rien de désagréable. L’Angleterre, terre de contrastes et de traditions, semble avoir repris le flambeau léguée à Portland puis à la Californie au milieu de la décennie. Shame, Slaves, IDLES et j’en passe, ont replacé la perfide Albion au cœur de la géographie rock mondiale pour le plus grand bonheur des aficionados de cette nation où l’expression de la jeunesse a toujours su trouvé un retentissement international.
Comme d’habitude, l’Australie et la Scandinavie ne sont pas restées immobiles. On se consolera en France avec les Liminanas qui tentent de perpétuer une certaine idée de ce que constitue la classe à la française. Entre Gainsbourg, le Velvet et les yé-yés des sixties, le gang catalan sauve les meubles. Même combat pour les parisiens de Rendez-Vous, auteurs d’un album intéressant, clairement inspirés par ce qui se faisait outre-Manche au début des années 1980. Enfin un disque qui donne envie d’aller chercher la bagarre. On évitera la déprime en se disant qu’on a acquis une nouvelle étoile sur le maillot surplombant un coq qui parait plus doué avec ses pieds qu’avec ses cordes vocales. En attendant, passons à ce qui a retenu notre attention ces douze derniers mois :
18 – The Liminanas | Shadow People | The Liminanas
Ça sort d’où ? Perpignan, France
Enregistré chez leur pote Anton Newcombe à Berlin, le nouvel album du duo français The Liminanas s’écoute comme un voyage à travers les sixties en compagnie de camarades de renoms, à savoir Peter Hook, Emmanuelle Seigner et Bertrand Belin. On croise des personnages attachants (« Trois Bancs »), on dévale la gueule de bois dans les rues endormies d’Istanbul (« Istanbul is Sleepy »), on monterait presque à cheval dans les grands espaces américains sur « Ouverture »; écouter un disque des Liminanas, c’est un peu comme ouvrir un album de Corto Maltese, on ne sait jamais dans quelle contrée on va finir mais on se laisse porter sans résistance au grès des tribulations du narrateur. Sexy, planant, le rock velvetien des catalans envoûte.
Pour les fans de Ray Bans wayfarer noires, de Serge Gainsbourg et de rock psyché.
Pépite : Ouverture
17 – Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs | King of Cowards | Rocket
Ça sort d’où ? Newcastle, UK
Sous cette magnifique pochette se cache le disque le plus heavy de l’année. Ce second opus des nouveaux rois du doom britannique surprend. Six titres, quarante minutes, « King of Cowards » est une décharge de riff tous plus colossaux les uns que les autres, faisant presque passer Kyuss pour un vulgaire groupe de musette. Clairement influencée par Sabbath, la formation du Tynewear manie le riff heavy blues (« Shockmaster ») comme personne. Même The Guardian adore. Puissant, racé, animal, cet album a tout pour réconcilier fans de metal, stoner rock, desert rock et hard rock néandertalien (« GNT », « A66 »). A écouter la nuit à fond la caisse en brûlant de l’asphalte au milieu d’une méchante tempête de blizzard.
Pour les fans de stoner rock, de montagnes d’amplis Marshall et de monstres marins
Pépite : GNT
16 – Bodega | Endless Scroll | Rough Trade
Ça sort d’où ? New York City, USA
Les nouveaux Parquet Courts. Avec une esthétique art-rock assumée et un style déluré, Bodega reprend le flambeau du groupe le plus cool de la grosse pomme. Le combo nord-américain propose une new wave engagée dont le single « How did this happen » constitue la meilleure des introductions. Probablement un des titres les plus explosifs de l’année. Froid, sexy, le rock métallique du quintet à majorité féminine rappelle les aspirations artsy de The Fall, Devo ou Wire remises au goût du jour. Un brin plus déluré (« I’m Not A Cinephile », « Warhol ») que la formation d’Andrew Savage, Bodega est définitivement un nom à retenir.
Pour les fans d’art rock, de Wire et d’art contemporain
Pépite : How did this happen
15 – Rendez Vous | Superior State |Crybaby
Ça sort d’où ? Paris, France
Malsain, dérangeant et complètement addictif, le EP de Rendez-Vous atterri l’année dernière annonçait la couleur. Voilà désormais l’album. Sorti chez Crybaby, ce premier disque « longue durée » reprend ce qui a fait le succès des Parisiens: un post-punk abrasif et carrément déroutant. Entre les délires aux claviers et parties de basse gonflées aux stéroïdes, le chant résonne et tabasse les tympans de l’auditeur médusé (« Sentimental Animal »). Le son est massif, la boite à rythme assourdissante confère une pressante envie de se lever de se chaise pour rejoindre le dancefloor (« Double Zero »). Sombre, dépressif et violent, ce premier album est une belle réussite qui n’a presque rien à envier aux formations britanniques.
Pour les amateurs de foot culture anglaise, de bastons générales et de The Cure
Pépite : Paralyzed
14 – Car Seat Headrest | Twin Fantasy | Matador
Ça sort d’où ? Seattle, Washington, USA
Drôle de phénomène que ce Will Toledo, frontman de Car Seat Headrest au look d’adolescent chétif. Petit génie de l’americana low-fi, la tête pensante du groupe américain montre qu’il n’a rien perdu de son talent de songwriter depuis l’excellent « Teens of Denial ». Entre Neil Young, The Strokes ou Pavement, cet album magnifique jongle entre folk énervée, noyée dans l’écho et la reverb, et rock alternatif aux guitares aiguisées s’envolant dans des jams stratosphériques. Au niveau des textes, Toledo se livre sur les femmes, l’amitié, les sorties en bagnole et les effets de la consommation de produits illicites. La plupart des titres ont en réalité été écrits en 2011 et enregistrés sept ans plus tard. Poignant.
Pour les amateurs de Pavement, de guitares lo-fi et de songwriters américains
Pépite : Famous Prophet (Stars)
13 – Father John Misty | God’s Favorite Customer | Sub Pop
Ça sort d’où ? Los Angeles , Californie, USA
Quatrième opus solo de Josh Tillman, ce « God’s favourite consumer » rappelle l’excellent « Pure Comedy » par la qualité de son écriture et ses envolées lyriques piano-guitares aux accents folks et soft rock d’une élégance indéniable. L’album est tant soigné qu’on pardonnerait presque la mégalomanie de son auteur. Sorte de Devendra Banhart bourgeois et urbain, Tillman tire un portait morose et critique de notre société contemporaine avec une certaine justesse. Ses chansons les plus rock méritent que l’on s’arrête plus particulièrement (« Date Night », « Mr Tillman ») sur cet album assez délicieux à découvrir une tasse de thé à la main un dimanche matin pluvieux.
Pour les amateurs de Nick Cave au piano, de soft rock américain et de néo-hippies friqués
Pépite : Hangout at the Gallows
12 – The Lemon Twigs | Go To School | 4AD
Ça sort d’où ? Long Island, New York, USA
Un concept album autour d’un singe qui découvre l’école. Toujours aussi créatif, le duo formé par les frères D’Addario a frappé fort avec un disque ambitieux qui rappelle les productions les plus extravagantes des dinosaures du rock du début des seventies. Pensez Queen, The Who, ou Mott The Hoople réincarnés dans une paire de singer-songwriter-performers d’à peine vingt ans qui maîtrise déjà tous les codes du hard rock et de la pop baroque. Leurs passages sur scène sont également à ne pas manquer tant The Lemon Twigs domine son sujet avec une fougue et une aisance déconcertante. Solide.
Pour les amateurs de Queen, pop baroque et de glam rock des années 1970
Pépite : The fire
11– Gøggs | Pre Strike Sweep |In the Red
Ça sort d’où ? Los Angeles, Californie
Non content de sortir seulement cinq projets en 2018, Ty Segall a rappelé ses camarades Chris Shaw de Ex-Cult et Charles Mootheart pour relancer la machine Goggs, projet hybride entre punk hardcore, fuzz rock et noise rock insolent. Les titres vont vite et fracassent tout sur leur passage. Plus sombre que son prédécesseur, « Pre Strike Sweep » ne fait pas dans la dentelle. Mur du son, cri beuglé, rythmique tout en puissance, voici un disque teigneux assez lointain de ce que le gourou du rock californien nous a proposé avec White Fence en début d’année. Une petite furie qui devrait ravir les fans de punk énervé.
Pour les amateurs de pédales de distorsion artisanales, de Black Flag et de Ex-Cult
Pépite : Killing Time
10 – Arctic Monkeys | Tranquility Base Hotel & Casino | Domino
Ça sort d’où ? Sheffield, UK
Après un album colossal sorti en 2013, le gang de Sheffield a choisi de ne pas jouer la carte de la facilité en concoctant un concept album ambitieux. Fini les cuirs et les hymnes de stade aguicheurs, Alex Turner confirme sa fixette sur David Bowie. Caméléon de plus en plus insaisissable, le double de Miles Kane dans The Last Shadow Puppets adopte un look de crooner légèrement ringard et pond un disque esquissé au piano qui met en scène une colonie morose de terriens isolés dans un hôtel lunaire dans lequel cohabitent luxe et total ennui. Si la première écoute déroute, « Tranquility Base Hotel and Casino » mérite que l’on s’y attarde. Audacieux.
Pour les amateurs de Roxy Music, de films de science-fiction et de The Last Shadow Puppets
Pépite : American Sports
9 – The Morlocks | Bring On The Mesmeric Condition | Hound Gawd!
Ça sort d’où ? San Diego, Californie, USA
On ne compte plus les albums de ces vieux de la vieilles du garage punk américain. Idoles du revival scandinave des nineties, les Morlocks continuent leur route avec l’aide de renforts allemands et toujours la même recette: un garage punk classique et racé, entre MC5, Troggs, Cramps et Flaming Groovies. Les amateurs de boogie rock plein de fuzz sont ravies, les nostalgiques des soirées rock n’roll et bière chaude au pub du coin aussi. Le rock n’roll dans ce qu’il a de plus honnête. Ca swingue, ça groove, ça fait des clins d’oeil à Sylvain Sylvain et à la scène du CBGB du début des 1970s sans révolutionner quoi que ce soit, mais ça fait un bien immense.
Pour les amateurs de Johnny Thunders, de futals en cuir et de boogie rock
Pépite : Bothering Me
8 – King Tuff | The Other | Sub Pop
Ça sort d’où ? Vermont, USA
Quatrième disque solo de King Tuff, « The Other » arrive après un excellent « Black Moon Spell » paru il y a déjà trois ans. Moins glam, moins heavy, ce nouvel opus du meilleur pote de Ty Segall fait office de bande son parfaite pour un été ensoleillé. Plus sucré, plus poli, « The Other » groove autant qu’il affranchi (« Psycho Star », « Raindrop Blue »). Si l’approche est moins frontal que sur les précédentes productions, le barbu à la casquette trucker vissée sur la tête n’a rien perdu de son sens du riff et de la mélodie bubblegum à relents psychédéliques (« Thru The Cracks »).
Pour les amateurs de T-Rex, de rock américain des années 1970s et de ballades en vielles voitures de sport
Pépite : Circuits in the Sand
7 – IDLES | Joy as an act of resistance | Partisan
Ça sort d’où ? Bristol, UK
Faut quand même avoir un certain talent pour écrire des textes politiquement pas trop bêtes en 2018 sans donner envie à ses auditeurs d’aller se pendre avec la cravate de son conseiller financier. Sauf que le talent d’IDLES ne s’arrête pas leurs textes. Toujours aussi puissant, le post punk abrasif du groupe de Bristol décape toujours autant (« Television », « Danny Nedelko »). Voici un cap du deuxième album passé tranquillement avec une tournée mondiale pas dégueu et une solide réputation de bêtes de scène en prime. Un poil moins accrocheur que son prédécesseur, « Joy as an act of resistance » est un manifeste humaniste dissonant aussi sombre que rassurant. Malgré le tableau plutôt acide dépeint par la formation anglaise, IDLES chante l’espoir et l’amour de son prochain avec une verve rarement égalée. Un bon bol d’air frais.
Pour les amateurs de fuzz sur la basse, de noise rock et de soirées « Refugees welcome »
Pépite : Danny Nedelko
6 – Iceage | Beyondless | Escho
Ça sort d’où ? Copenhague, Danemark
Oubliez The Icarus Line, le punk poisseux à mi-chemin entre Bowie et les Stooges a de beaux jours devant lui. Ce quatrième opus des Danois d’Iceage appuie là où ça fait mal. Finement produit, « Beyondless » mélange les genres dans une atmosphère sombre et électrique. Il y a du Jesus and Mary Chain, du Birthday Party et du Joy Division dans les complaintes survoltées des Scandinaves. Urgents, tendus, les titres s’enchaînent sans se ressembler en posant une ambiance glam décadente. La puissante « The day the music dies » est le single dont avait besoin le groupe pour jouer des coudes avec les plus grands. Saxophones hallucinés, claviers lancinants, riffs dévastateurs, la recette n’est pas nouvelle mais Iceage la distille avec une fraîcheur plus qu’appréciable.
Pour les amateurs de The Icarus Line, de films noirs et des Rolling Stones période Mick Taylor
Pépite: The Day the Music Dies
5 – Hot Snakes | Jericho Siren |Sub pop
Ça sort d’où ? San Diego, Californie, USA
Le grand retour de Hot Snakes nous aura bien diverti. Au delà d’un album plus que réussi, on aura eu le droit à des dizaines de mecs qui se sont convertis au groupe du jour au lendemain et qui se sont fait passés pour des fans de la première heure à te faire passer pour un gros débile de ne jamais avoir jeter une oreille à ces légendes du punk indé américain. Peu importe la crédibilité de leur discours, les fans authentiques ou opportunistes de Hot Snakes ont raison sur tout : le groupe de Rick Forberg et John Reis continue de faire exploser des tympans. Quatorze ans après l’excellent Audit in Progress et son merveilleux titre éponyme, le groupe de San Diego n’a rien perdu de son sens du riff dissonant. Solide.
Pour les amateurs de punk dépressif, de The Wipers et de ceux qui portent encore des Vans à 40 ans
Pépite : Six Wave Hold Down
4 – Parquet Courts | Wide Awake ! Rough Trade
Ça sort d’où ? Brooklyn, New York, USA
Il est assez plaisant de voir que Parquet Courts ne fait que de se bonifier avec le temps. Au fil des albums, le combo texan relocalisé à New York confirme son rang de groupe le plus excitant des ces dernières années. Son post-punk artsy ne tombe jamais dans l’exercice de style et les chansons se révèlent aussi fédératrices qu’efficaces (« Freebird II », « Total Football »). Andrew Savage et son gang ne soigne pas que ses singles. Une fois de plus, l’artwork justifierait presque à lui tout seul l’achat de ce sixième album. Mentions spéciales pour le single loufoque éponyme et la fantastique « Mardi Gras Beam » et son video clip carrément envoûtant. Du grand art.
Pour les amateurs de Gang of Four, de soirées berlinoises et d’indie rock américain
Pépite : Freebird II
3 – Shame | Songs for Praise | Dead Oceans
Ça sort d’où ? Londres, UK
Qu’on le veille ou non, les Anglais ont repris le leadership sur la scène rock mondiale. C’est indéniablement de l’autre côté de la Manche que tout se passe musicalement ces derniers temps. Nouveau chouchou de la presse British, le combo anglais Shame voit très juste avec un premier album qui condense tout ce qu’il s’est fait de mieux en Angleterre depuis l’invention du Vox AC30. Qu’on soit branché Smiths ou Sex Pistols, on trouve son compte dans ce recueil de comptines à l’arrière goût amer sur le quotidien des jeunes britons à l’aube du Brexit. Enragé, le chanteur Eddie Green beugle son mal-être avec brio pendant que ses camarades tricotent des guirlandes de guitares tendues à souhait. Punk dans l’attitude autant que dans le son, Shame est bien parti pour rester.
Pour les amateurs de punk anglais, d’après-midi pluvieuses et de Johnny Marr
Pépite : Tasteless
2 – Viagra Boys | Street Worms | Year 0001
Ça sort d’où ? Stockholm, Suède
Il y a parfois des disques que l’on attend pas. La claque de 2018 est venue du grand nord. Viagra Boys, une bande de hooligans mal dégrossis élevés au houblon et au punk hardcore, un chanteur americano-suédois complètement déluré, et un album colossal. L’hymne « Research Chemicals » annonçait déjà la couleur, mais ce premier album concis met la barre encore plus haute. Un post-punk épileptique, soutenu par des lignes de basse abrutissantes et un frontman aux intonations prophétiques. Imaginez un Nick Cave façon punk hardcore qui décide de se goinfrer d’amphétamines avec ses copains fans de foot pour une dernière danse macabre. Surpuissant.
Pour les amateurs de drogues dures, Grinderman et de stades de foot.
Pépite : Shrimp Shack
1 – Courtney Barnett | Tell me how you really feel | Milk Records
Ça sort d’où ? Melbourne, Australie
On avait laissé Courtney Barnett en 2017 en compagnie du loner américain Kurt Vile. Après une collaboration un peu molle du genoux, l’australienne la plus cool du circuit rock actuelle est revenue aux fondamentaux. Ce troisième album reprend la recette des précédents. Après une entrée en matière toute en douceur « Hopfulnesness », Barnett confirme son statut de l’indé à grands coups de Fender Telecaster. C’est frais (« City Looks Pretty »), intimiste (« Need a Little Time »), rugueux (« Nameless, Faceless »), et toujours dans l’air du temps («I’m not your mother, I’m not your Bitch ») sans jamais être chiant. Difficile de faire plus cool que Courtney Barnett cette année.
Pour les amateurs de rock indé, de t-shirts marinières et du Velvet Underground
Pépite : Need a Little Time
Auraient également pu figurer dans ce top :
Touts – « Can’t Blame Me EP »
Bass Drum of Death – « Just Business »
Interpol – « Marauder »
Delaney Davidson – « Shining Day »
The Scaners – « S/T »
Mudhoney – « Digital Garbage »
Reverend BeatMan and the New Wave – « Blues Trash »
The Parkinsons – « The Shape of Nothing To Come »
A Place to Bury Strangers – « Pinned »
Les Lullies – « S/T »
The Interrupters – « Fight the good fight »
Ty Segall and White Fence – « Joy »
Rolling Blackouts Coastal Fever – « Hope Downs »
Kurt Vile – « Bottle It In »