« One more time, we’re gonna celebrate, oh yeah, all right, don’t stop the dancing, one more time, we’re gonna celebrate, oh yeah, all right, don’t stop the dancing, one more time, we’re gonna celebrate, oh yeah, all right, don’t stop the dancing, one more time, we’re gonna celebrate, oh yeah, all right, don’t stop the dancing, one more time, we’re gonna celebrate, oh yeah, all right, don’t stop the dancing, one more time, we’re gonna celebrate, oh yeah, all right, don’t stop the dancing, one more time, you know I’m just feelin’ celebration, tonight, celebrate, don’t wait, too late, we don’t stop, you can’t stop, we’re gonna celebrate, one more time, one more time, one more time, a celebration, you know we’re gonna do it right, tonight, just feeling, music’s got me feeling the need, we’re gonna celebrate, one more time, celebrate and dance so free, music’s got me feeling so free, celebrate and dance so free, one more time, music’s got me feeling so free, we’re gonna celebrate, celebrate and dance so free, one more time. »
Ce n’est plus un texte, c’est une mantra. Elle est psalmodiée par une voix trafiquée à l’AutoTune, celle de feu le chanteur de house américain Romanthony, auteur de ces paroles immarcescibles. Elle se pose sur un riff de cuivres issu d’un quelconque disque de funk 70’s, lequel a été ralenti et dont le son a été considérablement altéré. Comme ça, sur le papier, qui eût cru qu’on tenait avec ces quelques éléments reliés entre eux par un « four to the floor » (on peut dire 4/4) massif la meilleure chanson à danser de tous les temps ? Peu de gens en 2001, à priori, tel le rédac chef de Pitchfork (le site de critique musicale le plus branché et l’un des plus influents) qui regrettait de ne pas avoir pris assez d’ecstasy ou de tranquillisants pour chevaux avant de s’infliger une telle purge laveuse de cerveau. Comme il se trompait !
La puissance de « One More Time », premier single du très attendu second album de Daft Punk, quatre ans après la bombe « Homework » et postérieur à la mutation du duo français en robots, je l’ai prise en pleine poire une nouvelle fois lors du mariage de mes amis et contributeurs zélés à la Culture de l’Ecran, Mélanie et Jon. Les mariés sont arrivés dans la salle de réception, illuminée par une myriade de cierges magiques sur cette chanson. La sensation de bonheur partagé que ce moment a suscité restera dans les annales. Ce fut tout simplement magique, mieux, cela permit de relier entre eux tous les participants de la soirée, en une allégresse participative bienfaisante. Rien que ça, et je prends garde à ne pas exagérer.
5 minutes et 21 secondes qui révèlent toutefois une construction peu banale qui aurait tout pour faire fuir les danseurs. 2’20 après la dynamique pulsation disco de l’intro à 123 bpm, idéale pour propulser n’importe qui sur le dancefloor arrive un break méditatif sans beat qui durera… une minute et demie. Une éternité sans percussion mais avec nappes synthétiques planantes rendant la voix intime et enveloppante, d’une vibrante sensibilité. Les Daft se paient même le luxe de la fausse piste avec l’introduction d’un tambourin sur 24 mesures qui n’ouvrira pas sur le retour de la batterie, mais s’éteindra. Quand enfin revient le sample de cuivres, tel les trompettes de Jéricho, l’effet est garanti. Toute personne normalement constituée ne peut alors que sauter en l’air, lever les bras au ciel et connaître l’extase que seule la dance music peut procurer.
Toutefois, cette réelle exultation ne saurait occulter la nostalgie tenace qu’exsude « One More Time ». On danse des étoiles plein les yeux, en communion avec l’humanité, et une petite voix nous susurre que ce sera la dernière fois, que cette insouciance hédoniste et communautaire ne saurait durer et qu’après cette extase, on ne pourra que retomber dans la grisaille de la vie « normale », individualiste et matérialiste. Alors on remettra le diamant au début de la première plage de « Discovery », une fois de plus.