BRONCHO

Broncho revient en forme

Connu pour son garage rock artsy et sucré, Broncho revient en 2018 après une longue tournée européenne en première partie de Queens of the Stone Age. Dix titres, 28 minutes, les Américains ont misé sur un format efficace pour leur quatrième album studio. « Bad Behavior » commence en force. Riff saccadé, tempo lent et plutôt lourd, « All Choked Up » rappelle l’excellent « Can’t Get Past The Lips » sorti il y a sept ans déjà. Le chant plaintif de Ryan Lindsey ressort dans l’écho et les licks de guitare stonienne. Le changement d’ambiance est radical à partir de la deuxième chanson. Avec « Weekend », le quatuor originaire de l’Oklahoma mise sur un rock indé dansant. Nous voilà plongés dans les eighties, avec une ligne de basse droite et minimaliste, façon New Order. On retrouve cette ambiance sur « Big City Boys », un des morceaux les moins aboutis de l’album.

Car avouons le, ce qui fait la singuralité de Broncho, c’est de faire un rock sophistiqué sans trop en oublier les bases. L’ombre de Keith Richards n’est jamais très loin dans les plans de guitares bluesy et tendus à souhait. On se dit que les Américains ont du pas mal écouter « Some Girls », disque de la bande à Jagger oscillant entre tentatives punks et refrains disco. « Sandman » fait d’ailleurs écho à cette période sous-estimé des glimmer twins. Ses guirlandes de guitares électriques complètement blues en font un des morceaux les plus entêtants de « Bad Behavior ». Rien de nouveau sous le soleil, c’est juste du rock n’roll, ça fait bouger la tête et secouer les hanches (« Easy Way Out »).

Broncho, Bad Behavior

On retrouve ce post-punk complètement stonien sur « Undercover » et sa rythmique qui semble répondre à une avalanche de licks de gratte et de gimmicks de basse groovy. On a envie d’aller recommander un cocktail et inviter la fille de la table d’en face à danser. Il est parfois regrettable que Broncho ne se consacre pas uniquement à ce style de pépite. On se dit que les tentatives de power pop sucrée (« Keep it in Line » et « Family Values ») font un peu office de remplissage sur un album qui aurait peut-être pu mériter un track listing plus serré.

Il n’empêche que Broncho continue son chemin sereinement et que ce nouvel opus mérite largement qu’on s’y arrête pour y jeter une oreille. Arriver à singer Jagger avec une esthétique post-punk n’est pas permis à tout le monde et le quatuor américain signé chez Park The Van Records le fait remarquablement bien. « All Choked up » et « Sandman » devraient faire de l’effet à tous ceux qui avaient adoré le premier album de Broncho même si cette dernière sortie n’en égale pas la qualité. Ne désespérons pas, on ne s’attendait pas à un album aussi agréable et la surprise comble largement nos oreilles avisées.