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Au Comptoir avec JC d’hotel radio Paris

Nous avons tous des idées, des envies de créer ou d’inventer (et si je créais ma boite ? et si je me mettais à la musique ? et si je m’engageais dans une asso ? etc.) L’idée de cette rubrique n’est pas tant de promouvoir une personne ou ce qu’elle fait, mais de découvrir son parcours et ses motivations qui lui ont permis d’accomplir ses rêves. On fera un peu de promo quand même, mais pas uniquement !

JC est le fondateur de la web radio : hotel radio Paris (« pas de h majuscule, je n’aime pas l’agressivité des majuscules », dit-il.) Je l’ai rencontré en Espagne il y a 3 ans. Il est revenu en France avec l’idée précise de faire de la radio.

Jean Charles – hotel radio Paris

Rendez-vous pris place de la République à Paris, dans un bar tabac du boulevard Magenta, autour d’un Monaco et d’un Picon pour discuter 2 heures comme de bons vieux potes. Je lui ai demandé de me parler de lui, de sa vie, du skate, de ses « potos » et de la naissance de sa web radio, sur laquelle il invite des DJs de tout bord à passer du bon son (de l’amateur à Brodinski, en passant par Frànçois and the Atlas Mountains) et qui fait parler d’elle de l’autre côté de la manche, notamment dans Vice Magazine UK.

Salut JC ! Avant de parler d’hotel radio Paris, parle-moi de ce qui fait de toi le mec que tu es aujourd´hui ?

Je suis né à Reims en 85 d’un père diplomate et d’une mère médecin chez MSF. Du coup, j’ai pas mal voyagé, et j’ai vécu au Tchad et au Sénégal quand j’étais gosse, plutôt cool ! Ensuite on est retourné à Reims avec mes parents et j’ai fait des allers retours à New York (mon père travaille pour l’ONU, j’allais lui rendre visite 2/3 fois par an.) C’est à NYC que j’ai découvert le skate, à 9 ans, mon daron m’a acheté une board (planche, ndlr) et de retour à Reims j’ai commencé à trainer au skatepark. J’ai beaucoup skaté et fait des compétitions en France, me suis fait sponsorisé par un shop de skate rémois mais aussi par Vans lorsque j’avais 12-13 ans. Avec mes allers retours entre Reims et New York, je skatais partout.

Comment en es-tu venu à la musique et par extension à la radio ?

Lorsque je voyageais, mes potes me passaient des commandes de CD. Ils étaient à fond dans la zik et je leur achetais des trucs uniquement disponibles aux Etats-Unis. Je me souviens avoir acheté des CD de Nirvana, des trucs bien rock. De mon côté, j’étais dingue de skate et j’achetais les cassettes vidéo des stars du skate. Des vidéos de 45 min avec différentes phases, dans lesquelles le skateur est filmé, montre ses tricks, le tout sur une zik qu’il aime bien. Le skate est lié à la musique. Et ce n’est pas que le punk, tu as de tout, ça m’a formé à écouter et m’ouvrir à tous les styles.

Fan de skate ok, et la radio ?

Un jour au lycée, Brodinski vient nous voir un pote et moi : « les gars, l’année prochaine on fait une émission de radio sur Radio Primitive ! ». Il était déjà passionné de musique depuis des années ! L’émission s’appelait Desserre ta Cravate. On passait de la musique tous les jeudis pendant deux heures en faisant des private jokes pour les copains qui nous écoutaient. Louis (Brodinski, ndlr) passait de la minimale, moi de la house et du rock et Jeff (notre pote) n’écoutait que de la merde (rires). Louis monopolisait une bonne partie du temps, c’était son émission et il était à fond. J’ai vraiment adoré cette période de ma vie. Ça a duré environ 3 ans.

Et ensuite, le début des études, chacun part de son côté ?

Oui, mais on est resté énormément en contact, on est amis depuis toujours. Louis est parti à Lille, moi à Paname, c’est là que tout a commencé pour lui et que j’ai commencé à lui booker des dates à Paris et à Lille. Mais l’école continue, j’arrête totalement la musique et le skate, me mets à fond dans la finance, j’enchaine avec un stage à Londres et l’envie de me faire plein de thunes. Tu vois pour moi à l’époque, réussir sa vie c’était de gagner de l’argent… Aujourd’hui, j’ai un autre point de vue.

Après cette phase, je quitte Londres et me remets doucement au skate. J’atterris à Montpellier pour un an d’alternance. Avec le recul, le skate m’a sauvé. J’avais tout arrêté, et reprendre m’a fait le plus grand bien. Montpellier avec sa scène skate, il fait beau, tu peux skater tout le temps. Je me remets également à bosser pour Louis et lui booke de nouvelles dates. J’enchaîne les allers-retours Paris/Montpellier et à cette époque j’écoute beaucoup de house (Radio FG). Ma came à ce moment-là : Swedish House Mafia, d’ailleurs avec Bromance on a signé Steve Angello. C’était fou de trainer avec un mec de SHM pour moi !

Et après Montpellier ?

Je retourne à Londres pour faire un stage en finance afin de valider mes études. Je continue le skate et reste connecté à la musique en allant dans des boîtes comme Fabric, j’en ai eu marre rapidement. Le taf me prenait beaucoup de temps, je voyais plus mes collègues banquiers que mes amis. Hipster dans la vie, banquier la journée. Ça ne me convenait plus. Un jour, un ami me propose de travailler dans un nouveau shop Supreme. Peu d’hésitation, j’ai lâché mon job et c’est à ce moment-là que Louis me parle pour la première fois de son projet de monter un label (Bromance, ndlr) et qu’il veut que je fasse partie de l’aventure. Je bosse chez Supreme, et avec d’autres on investit tous dans Bromance (d’ailleurs après 5 ans, en décembre 2016 l’aventure Bromance s’est arrêtée).

Tu faisais quoi pour Bromance ?

J’étais à la fois DA (directeur artistique), tour manager (la nanny des DJ) et je gérais aussi les bookings. J’ai fait le tour du monde avec Club Cheval, Gesaffelstein et Brodinski ! Bromance, c’était aussi Manu Baron, le boss de Savoir Faire, qui soulevait les fonds, Guillaume Berg le DA et puis le frère de Louis. Pour choisir qui faire jouer, on votait, on avait des droits de veto. Une fois j’ai mis mon veto sur Kaytranada, son tout premier truc c’était chez Bromance ! Guillaume et moi on était contre, mais Louis ne nous a pas laissé le choix, il le sentait bien ! Il a eu du flair et il a eu raison, en revanche moi je n’aime toujours pas ce qu’il fait (rires).

Donc vie à la cool, sans le stress de la banque ?

Ouais tout se passe plutôt bien, j’avais une super nana à Londres, Z. (c’est aussi grâce à elle que j’ai arrêté la banque et que j’ai lancé hotel), mais on finit par se séparer. J’ai envie de changer de vie, de ville, une nouvelle fois j’arrête tout ! Je m’installe à Barcelone en 2013 et ne fais rien pendant 6 mois, à part profiter de la vie et faire du skate. Je prends un job tranquille dans un call center, mes potes ne me comprennent pas, mais c’était le break dont j’avais besoin.

Et Barcelone c’est quand même La Mecque du skate !

Mais ouais, absolument ! Et ça me permet de voir plein de skateurs et de m’éclater.

Tu y restes combien de temps ?

Deux ans ! En mai 2014, Louis me dit : « Viens nous voir, je fais une soirée », j’y vais sans plus, mais il finit par me convaincre. Je finis par réactiver mon réseau à Paris et Z. me convainc de lâcher mon boulot à Barcelone. Les copains me disent de réintégrer Bromance, mais dans ma tête, j’avais cette idée d’émission de radio. Je monte alors mon dossier, je voulais une émission qui montre aux jeunes comment vivre de ses passions et qu’il n’est pas nécessaire de faire de la finance ou d’essayer d’engranger de l’argent par tous les moyens. Je montre le projet à des copains et Louis trouve que c’est une bonne idée. On fait un pilote ensemble et il me branche avec Pedro Winter (DA de la radio Le Mouv’ à ce moment-là avec Laura Leishman).

L’entraide entre potes, c’est cool !

Oui, je suis allé chez Nova, Skyrock, Le Mouv’ etc. Là, dans mon histoire on est en avril 2015, je sais que je vais arrêter le boulot en Espagne, l’émission est prévue pour septembre sur Le Mouv’. Mais en juin 2015, la radio change et devient Mouv’, redirection musicale vers le rap, mon émission saute parmi d’autres. Et là je me dis : « Ok, je suis dans la merde ». On m’épaule et je commence à parler autour de moi de ce projet et du fait qu’il n’y ait pas de radio cool à Paris. Je transfère mes droits chômages d’Espagne en France, ça m’aide à me lancer, je suis soutenu à fond par les copains, et je me dis que c’est le bon moment !

hotel radio Paris, pourquoi ce nom ?

Dans un bus de nuit en Argentine, lors de vacances, je n’arrivais pas à dormir, et là dans la nuit, je vois un énorme panneau lumineux « HOTEL ». Je réveille ma copine, elle approuve et c’est décidé ! A partir de là toutes les idées fusent. Le site internet tel qu’il est maintenant, je l’ai pensé dans la semaine qui a suivi la trouvaille du nom ! Je voulais que les auditeurs puissent voir la liste des émissions et les « réserver » comme pour une chambre d’hôtel.

Et ton local, tu le trouves comment ?

Grâce aux graphistes (et potes) qui ont créé mon site. Ils me préviennent qu’il y a un truc libre à côté de leur bureau, ça tombait bien !

Et c’est avec eux que tu as fait le logo aussi ? Ce rose là…
Oui, je voulais le même logo que Barbie, en italique mais avec un rose différent (sourire). Et je ne sais pas si tu vois, mais la plupart des devantures d’hôtels possède un néon en majuscule qui indique « HOTEL », je n’en voulais pas, je préférais les minuscules, moins agressif.

Tu as alors tout : le site, le local, le logo, tu te lances à quel moment ?

Le grand lancement se fait le 14 janvier 2016 à la Mano (boite parisienne, ndlr) et le 1er show à la radio le 16 janvier avec Safia. Un pote de Savoir Faire appelle le patron de la Mano et me choppe une date. J’organise la soirée, tout le monde sur liste, ça cartonne ! Soirée rap à la Mano, ce n’est pas le style du tout, j’étais fier de moi.

Ça t’ouvre des portes ?

Oui, il y a des gens qui veulent venir mixer à la radio, je fais un ou deux shows tous les 2 jours et le 2 février 2016, Brodinski débarque à l’antenne. Plein de médias relaient l’info avec le lien Soundcloud du mix et le nom hotel Radio Paris. Résultat : 70 000 écoutes !

Super ! Tu te fais connaître… et la suite ?

J’arrive à faire plus d’émissions et suis obligé de sélectionner tout en restant super ouvert à tous les styles de musique. Je choisis des DJs que j’aime et garde une palette de musique large. J’ai toujours été comme ça avec la musique, j’écoute la radio depuis toujours, j’adore ce média et sa diversité. Mon émission préférée, c’est Le Nova Club avec David Blot, qui est pour moi la meilleure émission avec aussi Dans les Oreilles de avec Isadora Dartial. C’est eux qui m’ont inspiré et m’ont donné envie !

Et donc, ça y est ta place est faite ?

Les maisons de disque commencent à me connaître, je reçois des disques, et j’ai besoin de noms pour faire décoller la radio. Brodinski revient environ tous les 3 mois et je lui ai également demandé de me faire un mix 100% RAP, et je suis content de dire que son premier mix rap est pour hotel radio Paris !

Et ça marche de plus en plus ?

Septembre 2016, je me lance à fond. Avec trois DJ sets par jour minimum, je passe à plus de 200 auditeurs par jour (auditeurs de France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou encore de la Belgique), j’ai de plus en plus de DJs un peu plus connus qui viennent d’Angleterre, de Barcelone (je vais lancer un hotel radio Barcelone). J’organise des soirées, et sur le line up je mets toujours un mec de Bromance. La Bromance c’est ça, une bande de potes qui s’aiment mais qui ne se tripotent pas la bite. Comme je te le disais, on s’entraide, et c’est cool !

Inés Mélia – 06/03/2017 @hotelradioparis & @inesmelia

Comment attires-tu les DJ et autres artistes ?

Les mecs qui viennent sur hotel ont envie de se faire connaître auprès d’un autre public. Les auditeurs sont des cools kids, des early adopters, ouverts à tous les styles. Et puis, je sais accueillir les DJs, avec des bières et autres ! Le bouche à oreille marche hyper bien, les gens ont envie et aiment venir à hotel. Les seules règles : pas de religion, pas de politique, pas les daronnes. On n’insulte pas la mère d’un pote ! Je me fais également inviter dans pas mal de festivals, je sers des pinces, je rencontre des gens, les relations publiques quoi.

https://soundcloud.com/hotelradioparis/ines-melia-060317

Ton point fort c’est sûr, c’est la tchatche !

(rires) Oui, et je sais recevoir ! J’aime installer un climat de confiance et que les personnes soient heureuses et contentes, j’ai toujours aimé ça. Rappelle-toi quand on travaillait ensemble en Espagne.

J’imagine que pour tes projets tu dois rencontrer pas mal de personnes pendant tes voyages ?

Le prochain projet est un documentaire de rap avec The Fader, je serai leur point de contact en France. Ce sont des copains de Londres qui m’ont branché avec eux. Les vraies stars du skate viennent aussi à hotel : Lucien Clarke, Torey Pudwill et d’autres. J’ai invité Declan McKenna aussi, un mec super cool.

Et l’émission Lunch with Pedro ?

Oui, on se marre bien, on parle de musique en mangeant, c´est cool et ça plait ! Cette année, je vais aussi faire l’album de la semaine : tous les matins à 11 heures, le même album toute la semaine. On va tout balayer, du reggae à la Gabber. Plein de nouveautés !

hotel ça marche, ça décolle, tu vas faire quoi maintenant ?

hotel devient une association. J’ai lancé les adhésions au début de l’année, il y a déjà 60 adhérents ! Ça permet de financer le local, de trouver du matos, etc. Les gens aiment bien le côté Do It Yourself d’hotel. Je n’ai pas envie d’être sponsorisé par des grosses boîtes. Et le next big thing pour hotel, c’est le label que je souhaite lancer, mais chut c’est un secret !

Bon il se passe quoi à Reims pour que vous soyez tous à fond dans la musique ? Entre Yuksek, The Shoes, Brodinski ?

Petite ville, on s’aide, on aime se lancer et ça nous donne envie, on se sent inspiré par le mec qui l’a fait avant nous ! Plein de personnes sont dans la musique à Reims et ce n’est pas terminé !

Pour finir, ton album du moment ?

Stoney de Post Malone, je l’écoute toute la journée :

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