TV Priest

TV Priest : l’uppercut londonien de ce début d’année

La vague post-punk continue de déferler sur le Royaume-Uni. Cette fois-ci, la nouvelle pépite du genre se nomme TV Priest et nous vient directement des faubourgs poisseux de la capitale britannique. Emmené par un frontman charismatique et intrigant, le quintet londonien voit juste avec un premier album aussi rugueux qu’efficace sorti chez Sub Pop le 5 février dernier.

Sous ses airs patauds et sa démarche maladroite de hipster moustachu, Charlie Drinkwater (on peut en douter, tout de même) nous livre une vision acerbe de l’Angleterre contemporaine. Quoi de mieux que la voix monolithique d’un Briton désabusé pour secouer la période morose que nous traversons ? Boosté par une section rythmique puissante et des guitares abrasives, le graphiste de profession solidement installé derrière son micro régale tout du long des douze titres de « Uppers ».

Il y a quelque chose de grisâtre, d’industriel, d’avant-gardiste et de terriblement insolent dans le son métallique et rébarbatif de ces adeptes de The Fall, Gang of Four et PiL. Sorte de réponse britonne à la verve américano-suédoise de Viagra Boys, TV Priest partage ce goût immodéré pour les parties de basse minimalistes, les gimmicks de guitares criards et un chant hypnotique aussi loufoque qu’entêtant.

Le truc sympa avec ce revival post-punk qui n’en finit plus, c’est qu’on ne sait jamais si on a affaire à des punks opportunistes s’improvisant artsy le temps d’un album ou à des hipsters en manque de sensations fortes surfant sur un énième retour du rock à guitares. A l’écoute de ce premier opus, la frontière reste floue. Il n’empêche que les morceaux sont bougrement bien ficelés. Pas tendre avec son gouvernement et les rebondissements pathétiques que traverse actuellement l’Angleterre post-Brexit, TV Priest arrose sur « This Island ». Même regard cynique sur « Press Gang » et son attaque frontale sur les dérives du journalisme moderne.

On retiendra également la puissante « The Big Curve », ouverture assez magistrale de cet album vigoureux. Le single « Decoration » déboite, c’est indéniable. Et comme n’importe quelle sensation actuelle outre-Manche, TV Priest soigne son image. Looks de millenials branchouilles, artwork faussement minimaliste et video clips méga soignés, le gang de la East End n’a rien laissé au hasard. Bien vu.