Pour contrebalancer la subtilité de Kentucky Route Zero et de sa musique dont je vous ai parlé dimanche dernier, penchons-nous aujourd’hui sur un titre qui fleure bon le sang, la sueur et les anabolisants : Doom. En véritable brute épaisse du jeu vidéo, Doom ne nous propose pas de nous extasier, et encore moins de réfléchir : seul sur Mars face à une horde de démons qui ne rêvent que de nous tailler en pièces, on explose des crânes, on brise des côtes et on éclate des tibias à coups de fusil à pompe ou de tronçonneuse, le tout sur une bande son aussi délicate qu’un bulldozer et qui pioche allègrement dans le métal indus. Rien de tel pour accompagner ces joyeuses séances de carnage.
On ne peut plus représentatif de l’OST du jeu, At Doom’s Gate s’ouvre sur deux longues pulsations sourdes, sombres et grésillantes, presque électriques, qui plantent instantanément le décor. S’amorce ensuite un lent crescendo avec l’entrée en scène d’une ligne de basse menaçante, suivie par les coups de pilon massifs d’une batterie dopée aux stéroïdes. L’ambiance se fait peu à peu plus pesante : le martèlement s’intensifie, les sonorités électroniques en toile de fond migrent des graves vers les aigus, et on imagine sans peine les démons sortant de l’ombre, les yeux rougeoyants, prêts à nous éventrer. Puis c’est le point de rupture, et le morceau explose dans un riff dévastateur dont la lourdeur et la brutalité ne signifient qu’une chose : c’est l’heure de la baston.