Fast Slow Disco (nouvelle version Juin 2018) ci-dessus.
Slow Disco (version de l’album « MASSEDUCTION », 2017) :
Annie Clark, artiste connue sous le pseudonyme de St Vincent, a sorti en 2017 l’un des meilleurs albums de l’année avec « MASSEDUCTION », où l’auteure-compositrice texane a allié avec une efficacité maximale son sens de la pop et ses envies d’expérimentation. Varié mais cohérent, doté d’une suite de morceaux brillants (« Pills » avait été la SOTW #132) et au final très long en bouche, « MASSEDUCTION » m’accompagne depuis sa sortie en octobre 2017 et est devenu l’un de mes disques de chevet. L’avant dernier morceau, « Slow Disco » surprenait l’auditeur par sa grande douceur, sa mélancolie élégiaque, son arrangement très nu où la superbe voix d’Annie Clark est accompagnée d’un seul quatuor à cordes. « Slow Disco » est une chanson de départ, celle qu’elle chante à un-e amant-e qu’elle va quitter (« Slip my hand from your hand, leave you dancing with a ghost » (laissant ta main glisser de la mienne et danser avec un fantôme »). Moment suspendu et tire-larmes dans « MASSEDUCTION », « Slow Disco » allait pourtant connaître une nouvelle vie.
En effet, Annie Clark a déclaré avoir senti que cette chanson pouvait revêtir différents atours et donc décidé de muscler son propos en en proposant une version dance pop assez dark, où les séquenceurs à la Giorgio Moroder vous poussent sur le dancefloor, pour un résultat plus que convaincant qui évoque une certaine période de Depeche Mode (celle, impériale, de « Violator »). Cette ambiance new wave est toutefois considérablement boostée par les lointaines vocalises d’une anonyme diva house et par un refrain vigoureusement souligné par un choeur à l’unisson. La coda nous replonge cependant dans la mélancolie de la version musique de chambre, grâce à ce déchirant leitmotiv vocal (la voix de l’amant-e ?) psalmodiant « Don’t leave me to slow dance to death » (en gros, ne me laisse m’éteindre en dansant lentement). « Fast Slow Disco » regroupe tout ce qui fait le piquant du style de St Vincent, une séduction à la fois frontale et ironique, une autorité incontestable, une envolée mélancolique frôlant le lyrisme, les séquenceurs emballant l’affaire.
Comme souvent avec Annie Clark, le côté visuel n’est jamais laissé au hasard. Quoi de plus pertinent, alors, que cette vidéo où on la voit danser au beau milieu d’une foule de gays cuir dans un club où les corps se frôlent (et bien davantage) en une bacchanale interlope. Plus « Sense 8 » que « Cruising » (heureusement), cette scène d’orgie où St Vincent slamme sur les corps en sueur replace le nouveau lifting electro disco de la chanson dans le milieu qui a grandement popularisé ce style musical, dès la fin des 70’s et le « I Feel Love » de Donna Summer. Car c’est dans les boîtes gay que les DJs et les clubbers ont compris l’immense attrait dansant et sexuel de ce genre musical, majeur quoiqu’on en pense.