SOTW #96 : How Can You Leave Me On My Own, The Divine Comedy

Cela faisait six ans que Neil Hannon n’avait activé sa Divine Comedy et on salue donc le retour de ce singulier Nord-Irlandais en 2016, avec « Foreverland ». Onzième album pour un artiste à la fois pointu et populaire, mélodiste et instrumentiste assez génial qui génère depuis 1990 une pop baroque aux enluminures pouvant friser le kitsch sans toutefois s’y vautrer. Cordes, vents, bois, habituellement abonnés au langage classique entourent une structure folk rock plus basique qui doit autant aux Walker Brothers qu’au vaudeville britannique, ce music-hall si anglais qui pointe parfois chez les Beatles (période Sgt Pepper), les Kinks, le Bowie des débuts et plus récemment Blur. Tout d’abord vrai groupe, the Divine Comedy s’est petit à petit transformé en l’affaire d’un seul visionnaire, qui voulait des arrangements de plus en plus grandioses et orchestrés.

Artiste sensible doté d’une voix tirant volontiers vers un baryton de crooner (l’influence Scott Walker est sur ce point vraiment manifeste) qu’on n’imagine pas sortir d’un corps aussi chétif, parolier doué et bourré d’humour (ses textes sont un vrai régal pour les anglophiles), Neil Hannon a aligné un bon nombre de tubes en or, qui vous évoqueront forcément des choses, « The Pursuit Of Happiness », « National Express » ou « Tonight We Fly » pour n’en citer que trois. « How Can You Leave Me On My Own » en prend naturellement le chemin. Chanson altière et enjouée avec riffs de cordes, cuivres pétaradants, bassons et hautbois, elle traite de manière humoristique de l’abandon par l’être aimé. Et si la chanson commence par le braiment d’ânes (les siens, authentique…), cela voudrait-il dire que l’auteur considère les amoureux transis (surtout ceux qui semblent aimer à sens unique) comme des baudets?

Notons également l’impressionnante cote d’amour dont jouit the Divine Comedy dans l’Hexagone. C’est en effet par ici que ce francophile averti a rencontré le plus grand succès, et le plus durable. D’où de fréquentes tournées chez nous. J’ai les souvenirs exquis d’un concert plutôt rock à Lyon en 2001 (après son album le plus guitareux, le sous-estimé « Regeneration », puis d’un récital en solo (au piano ou à la guitare) à Dijon en 2010, et ce furent deux moments absolument… Divins!

Live à la Maroquinerie 2016, début de la chanson à 1:17 :