Le mois dernier est sorti un nouvel EP de The Strokes… Et contre toute attente il est d’excellente tenue. « Future, Present and Past » regroupe trois chansons dignes du rang de ce groupe et un remix ad-hoc d' »Oblivius » signé Fab Moretti. Soit autant de bonnes choses dans ce simple EP que dans leurs deux derniers albums. Et c’est heureux, car on guette toujours le réveil des Strokes. Le quintette new-yorkais a quand même à son actif deux des plus intouchables albums de l’histoire du rock, l’immarcescible « Is This It ? » en 2001 a remis le rock à guitares, les cuirs noirs et les Converse dans le coeur de millions de fans de rock et donc au devant de la scène après une longue domination electro. Son successeur en 2003, « Room on Fire », plus touffu, reste l’un de mes albums favoris de tous les temps. Ces deux albums, brefs et secs comme des coups de trique, sont extraordinaires, de la première à la dernière note. Car les Strokes avaient une âme, une cohésion de gang seul contre le monde entier, un son unique « The Velvet Underground meets the Cars », une fantastique allure et un chanteur et songwriter intouchable en la personne de Julian Casablancas. Las… Suivit « First Impressions of Earth », troisième album trop long et trop alambiqué comptant quand même de nombreuses très bonnes chansons (je pense à la parfaite « You Only Live Once » ou à la frénétique « Heart In A Cage »). Puis vint le temps des silences, puis des brouilles, des interviews où l’on débine les autres, des gonflements d’ego et des projets solo qui ne sauraient jamais retrouver l’urgence créative du collectif. Puis l’absence. Une histoire classique de la vie rock, en somme.
Reformés en 2011 avec le pitoyable « Angles » (un bon morceau et demi) suivi du pas terrible « Comedown Machine », les Strokes cachetonnent néanmoins sur scène, où ils sont toujours assez vitaux (j’ai un souvenir fabuleux de leur concert aux Nuits de Fourvière en 2006), même si Julian Casablancas arbore aujourd’hui un look « maquina » inqualifiable. Cet EP, enregistré au Brésil, est donc une excellente surprise. Trois morceaux représentant trois aspects du style Strokes. Le sombre mais catchy « Drag Queen » représenterait donc le futur du groupe, avec cette menace electro qui plane. Le tube évident « Oblivius » (le présent, donc), rappelle le lien des Strokes avec la pop baroque, avec ses arpèges de guitares au son de synthé et la voix de tête de Casablancas (on croirait une séquelle du « Instant Crush » de Daft Punk, où le chanteur officie brillamment) . Enfin « Threat Of Joy » évoque le passé, et c’est une cure de jouvence. Le chant, avec son typique effet légèrement distordu est aussi nonchalant que sexy, le swing tranquille et sautillant de Fab Moretti et Nikolaï Fraiture emmène dans son galop le riff de guitare au son si particulier d’Albert Hammond Jr. Le solo final de Nick Valensi est impeccable d’économie et d’efficacité. On retrouve ici les Strokes de « The Modern Age » et c’est si bon. « Threat Of Joy » (menace de joie) me comble justement d’aise. C’est bien le moins pour cette dernière song of the week avant l’été…