Que cette chronique est difficile à écrire… C’est entre autres à un concert, d’un groupe que j’aime bien au demeurant, concert auquel j’aurais pu assister si j’avais été à Paris ce week-end-là qu’a été répandue l’horreur. Quand ces immondes connards ont attaqué avec une sauvagerie absolue tout ce qu’on aime et avant tout un style de vie que ces tartuffes abhorrent. Alors, tout paraît bien futile ensuite.
Plutôt que de tomber dans les lieux communs, je vais parler d’un moment qui m’a vraiment consolé. Samedi 14 novembre, Jean-Louis Murat jouait au Théâtre de Lons-le-Saunier. La superbe salle à l’italienne était comble, les gens ont répondu massivement présent, le symbole était trop écrasant pour manquer une telle occasion. Murat et ses excellents musiciens ont offert un concert exemplaire d’une grande dignité, d’une vibrante sobriété qui a fait du bien à l’âme comme aux oreilles.
J’aime beaucoup Murat, depuis « Fort Alamo » en 96 et fréquente régulièrement ses chansons au souffle épique, à la langue si littéraire. Mieux encore, je pense qu’il est à la guitare l’équivalent d’un Neil Young à l’Auvergnate, au toucher inspiré et aux longues chevauchées émotionnelles. C’est enfin un chanteur inimitable, voguant avec aisance entre suavité capiteuse et flamboyantes embardées. Voici donc l’une de mes chansons préférées de Jean-Louis Murat « les Jours du Jaguar » qui ouvre « Lilith », l’un de ses meilleurs albums sorti en 2003. Qu’il n’a pas jouée samedi, ayant choisi de n’interpréter que des chansons de son dernier disque, le très bon « Babel ». Et le poème de Baudelaire « L’examen de minuit » dans l’adaptation de Ferré en rappel (« J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé mieux », confia t-il ensuite). Comme il a eu raison.
Je n’oublierai pas cette leçon de retenue, cette indiscutable classe avec laquelle Murat nous a aidés, nous public lédonien, ce soir-là.