Encore une fois, merci aux Inrocks et à leurs compils de me faire découvrir tant de bonnes choses. J’avais déjà remarqué les chansons de John Grant par ce biais, également en illustration musicale de l’excellente série HBO « Looking » (hélas avortée à la fin de la deuxième saison) et du très beau film de son auteur « Weekend » (des extraits du beau et folk « Queen of Denmark » réalisé avec Midlake).
Pas un perdreau de l’année cet Américain du Colorado de 47 ans au look de bucheron hipster ou de bear des campagnes, c’est comme on voudra… En solo depuis 2010, après le split de the Czars, son groupe de rock rêveur, il est ce qu’on peut appeler un « songwriter », alternant ballades émotionnelles sans un poil de gras et electro pop bien plus expansive. « Disappointing » appartient à la seconde catégorie, racontant l’euphorie suscitée par un nouvel amour, euphorie qui parvient à rendre tout ce qu’il adore décevant (comiques de « Saturday Night Live », artistes russes ou danseurs de ballet « avec ou sans collants », la liste déroulée dans la chanson est longue et pleine d’humour). Cette euphorie ne saurait masquer un itinéraire avec bien du dénivelé, John Grant est passé par les addictions, la dépression du sevrage et la séroposivité. Aujourd’hui installé à Reykjavik avec son ami, il semble embrasser la crise de la cinquantaine avec sérénité et envie.
« Disappointing »‘ est le premier single de son album à paraître « Grey Tickles, Black Pressure » où l’on retrouve avec plaisir la voix invitée de Tracey Thorn, chanteuse d’Everything But the Girl au timbre si reconnaissable. Allégeance new-wave, il y a aussi Budgie, le batteur des Banshees. Ce qui séduit le plus malgré tout est la voix de John Grant, passant d’un baryton profond lors du couplet à un puissant ténor pendant le glorieux refrain. Un vrai talent très attachant.
NB/ Le clip, joliment onirique, joue avec tous les codes gay bear et s’en amuse.
Version studio :