SOTW #124 : Everything Now, Arcade Fire

C’est, nul n’en doutera, l’un des retours les plus attendus que celui d’Arcade Fire. Ils ont commencé leur tournée des festivals de l’été qui les a déjà amenés à Barcelone et à Lyon et qui les conduira aux Eurockéennes le 9 juillet, avant la sortie d’un nouveau disque « Everything Now », dans les bacs le 28 juillet. Et quand on est l’un des plus grands groupes de pop au monde, on sort judicieusement un premier single avant-coureur qui sera, c’est une évidence, repris en choeur par les foules en liesse au même titre que leurs standards.

J’ai une histoire assez compliquée avec le groupe basé à Montréal, apparu en 2004 avec un album lugubrement titré « Funeral » mais diffusant paradoxalement un rock intense et lyrique au contenu très sensible. La qualité de l’ensemble a été validée par rien moins que David Bowie, qui sortit même de sa retraite médiatique du milieu des années 2000 pour entonner leur « Wake Up » avec eux sur scène. Ce groupe d’un nouveau genre, mené par le Texan Win Butler (chant, guitare) et sa compagne multi-instrumentiste canadienne d’origine haïtienne Régine Chassagne, est en effet une famille regroupant six membres ou plus passant d’un instrument à l’autre avec une aisance assez bluffante, chacun des musiciens, rivalisant d’intensité, semblant être engagé à fond dans l’aventure. J’avais d’ailleurs trouvé ça assez fatigant sur scène, comme par exemple quand le guitariste Richard Reed Perry tapait comme un sourd sur un tom non amplifié et s’époumonait dans le vide sur une chanson où il n’avait vraisemblablement rien à jouer ni à chanter. C’est un peu comme ça que j’ai accueilli le second album « Neon Bible », extension bodybuildée du premier album. Mon intérêt s’est ravivé avec l’excellent concept album « The Suburbs », plus en retenue et à l’écriture majestueuse, et plus encore avec « Reflektor », quatrième opus réalisé avec James Murphy (LCD Soundsystem) qui a grandement ouvert les horizons d’Arcade Fire en incorporant des structures plus dansantes, des influences caribéennes ou electro ainsi qu’une bonne dose d’ironie, tout en conservant la grande variété de styles et de tempos qui a toujours caractérisé le groupe.

Vraiment réconcilié avec les Montréalais, c’est donc avec une vraie curiosité que j’attendais le cinquième épisode de ce qui commence à devenir une oeuvre, rien de moins. L’intro d’« Everything Now », sombrement electro, certainement due à Thomas Bangalter, moitié de Daft Punk qui coproduit le disque avec Steve Mackey (bassiste de Pulp) cède la place à un riff de piano et un motif de batterie syncopé qui évoquent irrésistiblement « Dancing Queen » d’ABBA! Le clin d’oeil est forcément volontaire. Win Butler reprend d’ailleurs ce motif mélodique au chant, lançant un ostinato d’une grande efficacité, le refrain se limitant à cet « Everything Now » scandé par tout le groupe. Ce morceau dominé par les claviers et des accords de guitare acoustique, incorporant un malin sample de flûte africaine, a un potentiel tubesque indéniable, qui fera logiquement un carton, et pas seulement dans les festivals.

Live (amateur) du warm-up show du Primavera Sound à Barcelone, la semaine dernière…