SOTW #104 : As Long As We’re Together, The Lemon Twigs

Cette première Song of the Week de 2017 me fait revenir sur une chanson qui non seulement est fermement installée sur mon podium 2016, mais qui est aussi la favorite de Simon. Consensus indiscutable à la Culture de l’Ecran pour « As Long As We’re Together » des Lemon Twigs et cela mérite donc que je m’y attarde un peu.

La jeunesse insolente des frères Brian et Michael D’Addario, respectivement 19 et 17 ans est tout bonnement magique. Car accoucher d’une telle chanson au sein d’un tel premier album (« Do Hollywood », hautement recommandé) avec une telle précocité me laisse complètement pantois. Ces deux gamins originaires de la banlieue de New York (Long Island pour être précis, comme Lou Reed…) ne sont pourtant pas de petits singes savants qui joueraient à imiter (en aussi bien) les grands, car ils apportent une musique aussi rafraîchissante que sophistiquée, éminemment personnelle. Une filiation idéale (père ingénieur du son et musicien dans des groupes post-Beatles, mère actrice de comédies musicales) les a penchés dès le berceau vers les instruments. Brian a joué enfant sur scène à Broadway, entraîné par sa mère et Michael dans des films et des séries. Ces vrais enfants de la balle se sont donc logiquement dirigés vers la pop. Les deux frères, multi-instrumentistes instinctifs et naturels, passant en toute aisance et indifféremment du micro aux baguettes, des claviers aux guitares.

Leur orientation musicale n’est pas moins étonnante. Comment des jeunes gens peuvent-ils se passionner pour un pop rock 70’s aussi baroque que chamarré, car on entend bien que les Lemon Twigs sont redevables des Kinks, des Wings de Paul McCartney comme des Beach Boys (les impeccables et acrobatiques harmonies vocales), du Bowie glam rock et des délires mélodiques et orchestraux de Todd Rundgren. Ils se sapent d’ailleurs en accord avec ce style early seventies, cols pelle-à-tarte et pattes d’eph, maquillage et mullet (pour Michael) sans être pour autant ridicules, tant il est vrai qu’à 18 ans, on peut porter ce qu’on veut…

Entre feux d’artifices mélodiques (« A Great Snake »), bouleversantes ballades à fleur de peau (« How Lucky Am I ? »), labyrinthes pop groovy (« These Words »), « As Long As We’re Together » apporte à « Do Hollywood » une aspérité rock bienvenue. Chantée par Michael, cet hymne au refrain triomphant rappelle le standard glam signé Bowie mais offert à Mott the Hoople en 1972 « All The Young Dudes », tout en mettant en avant des imperfections, comme cette malingre guitare désaccordée de l’intro, le contraste fonctionnant à merveille. Cette chanson entêtante et à l’efficacité diabolique ne vous lâchera pas de sitôt…

Vers quoi se tourneront ensuite les Lemon Twigs, nul ne le sait. Exploreront-ils d’autres épisodes de la grande histoire de la pop music, creuseront-ils leur sillon, tant qu’ils seront ensemble, tout est envisageable (« As long as we’re together, I don’t see what’s wrong with that »)

Live at Conan’s :