Sale époque pour les guitaristes cruciaux… Au début du mois, c’est Jeff Beck que la grande faucheuse a emporté… Je ne l’avais pas écouté depuis la fin de mon adolescence, mais quand j’ai posé le bras de ma platine sur la face A de « Blow By Blow », sa réinvention en jazz-rock instrumental de 1975 que j’avais dû acquérir lors de mes années de lycée (J’étais assez client et étais même allé l’applaudir en 1979 aux arènes de Fréjus pour un concert avec le bassiste émérite Stanley Clarke et me souviens avoir adoré). Je me suis rendu compte à l’écoute que j’en connaissais la moindre note par coeur et que j’avais bien des raisons d’avoir apprécié cette œuvre pourtant située aux antipodes de ce que j ‘écoute aujourd’hui, tant chaque note jouée est gorgée d’un feeling impressionnant et tant la rythmique est vraiment funky. Jeff Beck à cette époque avait la dégaine de l’emploi, celle de l’impeccable et intemporel guitariste de rock anglais avec Gibson Les Paul au poing et profil de couteau, au point qu’il aurait pu faire partie des Stones pour succéder à Mick Taylor mais il a décliné l’offre. Pour faire du jazz-rock, mais à sa sauce, il n’a sans doute pas eu tort ! Alors n’hésitez pas à jeter une oreille sur ces morceaux si groovy qu’on ne saurait céder aux seuls et trop sérieux fans de jazz. You Know What I Mean, Constipated Duck, Cause We’ve Ended As Lovers ou Thelonius (toutes deux signées Stevie Wonder) ont tout pour figurer dans une playlist idéale. Un géant de la guitare a disparu, sachons le redécouvrir.