1971 fut une année prolifique pour Vincent Furnier, aka Alice Cooper. Le kid de l’Arizona vient de débarquer à Detroit. La cité ouvrière est en effervescence : Stooges, MC5, Motown, la scène locale à de l’énergie à revendre. Ça tombe bien, le Coop’ et son backing band surfent sur la vague. Cooper doit muscler son jeu, contraint de mettre de côté ses premiers amours avant-gardistes si chers à son mentor, Frank Zappa. Enregistré par Bob Ezrin (KISS, T-Rex), « Love It To Death » tutoie tantôt le garage rock primaire (« Caught In A Dream », « Is It My Body »), tantôt la pop sombre aux accents Lennonesques (« Second Coming », « Ballad of Dwight Fry »), le tout avec brio. Le disque, couronné par le single « I’m Eighteen », restera le premier succès commercial d’Alice Cooper. Suivront trois chefs d’oeuvre qui imposeront Cooper comme le parrain du rock qui tâche, un espèce de David Bowie trash nourri aux Stones et aux pages des faits divers du Michigan Chronicle, partisan des mises en scène les plus loufoques et de concepts albums aux goûts parfois douteux. Ce disque est pourtant la preuve d’un certain génie.
Année : 1971
Origine : Etats-Unis
Pépite : « I’m Eighteen »
Eat : Grilled Beef and Mushroom Burger
Drink : Jack Daniels sans glace
En 2008, Alex Turner et son compatriote Miles Kane décident de revisiter les sixties à coup d’hymnes pop ambitieux. Sans tomber dans le ringard et la nostalgie facile, les deux lads pondent un premier album qui sent bon l’asphalte mouillé des cités ouvrières en Merseyside, les jupes plissées des uniformes de leurs ex de lycée et le spleen que peut éprouver une certaine jeunesse d’outre Manche. Les fans du Swinging London des sixties s’y retrouvent, alors que la nouvelle génération boutonneuse se rend compte que le talent de Turner dépasse largement le succès de son band, The Arctic Monkeys. L’axe Sheffield-Liverpool est en place. Malgré son jeune âge, le duo Turner-Kane soigne son songwriting. Secondé par le London Metropolitan Orchestra, les deux jeunes loups enchaînent les clins d’oeil aux Beatles, Kinks, jusqu’au grand « Melody Nelson » de Gainsbourg. Le résultat est convaincant. Vinnie Jones en lacherait presque une larme dans sa pinte de ale (« Standing Next To Me », « My Mistakes Were Made For You »). Un classique.
Année : 2008
Origine : Royaume Uni
Pépite : « The Age of the Understatement »
Eat : Une dinde au miel au four
Drink : Un Bordeaux rouge d’exportation (type Mouton Cadet)
Il fait bon grandir dans le Kentucky. Sans faire de bruit, la bande emmenée par Tony Esposito a su s’imposé au sein de la nouvelle scène garage punk américaine (FIDLAR, Together Pangea, The Orwells, Twin Peaks). A coups de notes d’orgues déjantés et de riffs tout en urgence, le second opus de White Reaper sent bon les premières années de fac sur les gigantesques campus de leur Midwest natal (« Make Me Wanna Die », « Pills »). Le son est lourd, racé, et les titres défilent à une vitesse ahurissante. Mention spéciale pour « Friday The 13th », sorte de comptine glauque et survitaminée. Un peu comme si les Misfits s’étaient enfermés en studio un soir de pleine lune sous les ordres d’un Phil Spector défoncé, chargé à bloc comme un pur sang arabe en piste au meeting de Vincennes. Le genre d’épisode qui laisse des traces.
Année : 2015
Origine : Etats-Unis
Pépite : « I Don’t Think She Cares »
Eat : Un breakfast burrito
Drink : Un pack de vingt cannettes de Rolling Rocks