Un beau livre somme des vingt ans de carrière de Phoenix, le groupe français le plus bankable à l’international, vient de sortir. Un livre avec nombre de photographies pour la plupart inédites ou rarement vues, avec un rédactionnel très approfondi sous forme d’interviews menées par la journaliste anglaise Laura Snipes (rédactrice en chef adjointe musique du prestigieux quotidien The Guardian) des quatre intéressés (Thomas Mars, Deck D’Arcy, Christian Mazzalaï et Laurent Brancowitz), de témoins familiaux, amicaux (les parents des musiciens, Sofia et Roman Coppola), de compagnons de route et de collaborateurs (Pedro Winter, Sébastien Tellier ou encore le regretté Philippe Zdar, à qui l’ouvrage est dédié). Le tout rythmé par les six albums du groupe (sans compter le chapitre liminaire qui narre les débuts du groupe et un épilogue).
Il est évident, à la lecture de cet ouvrage, que Phoenix raconte une histoire éminemment française. Celle d’un gang d’amis de l’ouest parisien qui ne cadrait vraiment pas dans l’ambiance si conservatrice et coincée d’un lycée versaillais, de leur amour immodéré pour la musique, surtout anglo-saxonne, de débuts maladroits en concert pour une fête de la musique, d’une vie en commun dans un appartement parisien à l’allure de squat, d’une collision temporelle avec tous les grands de la dite French Touch (Daft Punk en tête) avant d’accompagner Air comme musiciens, quoiqu’inexpérimentés, de leur tournée, tout cela avant même d’avoir sorti le moindre disque. Très vite, avec « United », Phoenix est devenu un groupe important dans le monde entier, sans doute plus vite aux Etats-Unis qu’en France (où il faudra attendre le méga-succès « Wolfgang Amadeus Phoenix » en 2009 pour que le groupe rencontre enfin chez lui la reconnaissance qu’il méritait).
« Liberté, Egalité, Phoenix » est un objet glamour, avec des illustrations plus qu’élégantes, des photos fabuleuses pour qui est fan du groupe, lequel se repaîtra avec bonheur de reproductions de textes griffonnés, de setlists, de schedule lists de tournée, de photos de leurs pédales d’effets et de leurs synthés vintage. N’importe quel aficionado du groupe se jettera sur « Liberté, Egalité, Phoenix », tant la somme d’archives est éloquente et tant les membres du groupe (et dans une moindre mesure leur entourage) se sont livrés sans filet au jeu de la rétrospective de leur imposante carrière.
On peut cependant regretter une chose, c’est que « Liberté, Egalité, Phoenix » n’aura en français que son titre, car la chose n’a malheureusement pas été traduite, ce qui aliénera forcément bien des lecteurs peu à l’aise, voire pas du tout, avec l’anglais. Espérons que cet oubli fâcheux sera bien vite réparé.