Cinquième album d’un groupe underground devenu très populaire, en particulier en France, « Summer 08 » de Metronomy est un véritable effort solo du leader, auteur-compositeur et multi-instrumentiste Joseph Mount. Le Britannique installé aujourd’hui à Paris s’est replongé avec une délectable nostalgie dans son été 2008, juste avant la sortie du second mais premier « véritable » album de Metronomy, « Nights Out » qui dépeignait, en paroles et en musique, la vie d’un jeune Anglais de la côte du Devonshire (« The English Riviera », si bien évoquée dans leur troisième album éponyme et oeuvre la plus accomplie de Metronomy), ses amours souvent lamentables, ses sorties, ses ivresses, ses doutes et ses galères. « Summer 08 » en reprend les codes avec une nostalgie non feinte mais amusée, comme si l’adulte père de famille qu’il est aujourd’hui tombait sur le journal intime oublié du jeune homme qu’il a été. Musicalement, il renoue aussi avec cette electro-pop espiègle et sautillante, un poil acide, extrêmement dansante et conviviale avec gourmandise (cet album a été fait spontanément, cela s’entend), s’éloignant des cathédrales pop très orchestrées élaborées sur « The English Riviera » et sur l’un poil décevant « Love Letters ».
Projet underground qui a vu Joseph Mount tourner seul en assénant quelques DJ sets en accord avec le disque, « Summer 08 » a été conçu sans trop réfléchir, mais n’est certainement pas une oeuvre au rabais. En attestent les bonnes chansons qui le composent, « Back Together », « Hang Me Up To Dry » (en duo avec la pop star suédoise Robyn) ou « 16 Beat », et surtout cet « Old Skool« , l’une des toutes meilleures réalisations de Mount. Il y chante le ressentiment du provincial face à la branchitude londonienne et son impossibilité d’appartenir à ce milieu chic et snob « You keep your friends/I keep my friends/Have a party/in the West End/Make some money/Some more money » (tu gardes tes amis, je garde mes amis, tu fais la fête dans le West End, tu fais de l’argent, encore plus d’argent). Petites phrases amères et résignées qui claquent sur un tapis de séquenceurs à la Giorgio Moroder, des giclées acides de synthés, des cocottes de guitare funky et, détail carrément bien vu, les hachures des scratches du héros Mike Master D des Beastie Boys, donnant au tout une saveur eighties longue en bouche mais jamais écoeurante.
Déjà plongé dans la conception d’un futur album, avec son groupe cette fois-ci, Joseph Mount savoure la revanche du provincial sur la méprisante capitale! Et ce n’est que justice.