Oldie but goldie, sommet de funk cool et accessoirement l’une des plus grandes chansons soul de tous les temps, « Family Affair » revient régulièrement sur ma platine comme dans ma tête, en particulier lors de mes balades en solitaire.
Sylvester « Sly » Stewart fut un enfant musicien précoce, tâtant du gospel comme du blues, des claviers comme des guitares dès son plus jeune âge dans le Texas, avant d’aller à 16 ans étudier la musique dans la baie de San Francisco. Epicentre de la contre-culture et du mouvement hippie, San Fran donne des ailes à Sylvester, qui devient en 1966 Sly Stone en formant son orchestre Sly & the Family Stone, regroupant des musiciens noirs et blancs, hommes et femmes. La Family fait vite forte impression, et devient incontournable après avoir réellement volé la vedette à à peu près toute l’affiche à Woodstock à l’aide de leur funk psychédélique aussi dansant que revendicatif. Parfaitement dans l’air du temps, l’album « Stand » avec ses tubes « Everyday People » ou « Dance To The Music » fait danser la planète entière.
Le rêve hippie s’étiolait déjà dangereusement en 1971, date de la sortie du brulôt « There’s A Riot Going On » (il y a une émeute en ce moment), monument alliant l’énergie brûlante du funk à la sophistication des arrangements, avec des textes plus politiques que jamais, Sly Stone militant pour les droits civiques et commentant l’état délabré de la communauté noire.
« Family Affair » , qui ouvre cet album, est pourtant étrangement minimaliste, groovant sur un rythme irrésistible fourni par une boîte à rythmes antédiluvienne et une basse élephantesque. La finesse de la wah wah et des dentelles d’orgue Fender Rhodes créent un climat d’une sensualité insoutenable. La voix über sexy de Sly Stone (Prince a, c’est manifeste, usé ce disque sur sa platine…) et les choeurs très naturels de Rosemary Stone sont justes parfaits. Mais qu’on ne se méprenne pas, le texte décrit le quotidien d’une famille dysfonctionnelle et n’est surtout pas une bluette sexy. Classique absolu!
Un dernier album digne (« Fresh » en 74) avant une série de disques sans intérêt, la débandade du groupe, une descente aux enfers narcotiques avant un retour sur scène au milieu des années 2000, la suite des événements ne fut pas des plus glorieuses pour Sly Stone. Mais sans son apport décisif à la musique black, pas de George Clinton, pas d’Earth Wind & Fire, et surtout pas de Prince, qui lui a tout pompé pour former the Revolution. Alors souvenons nous de Sly Stone !
Mix brésilien (pour le coup totalement réussi…) :