L’apparente pauvreté de la nouveauté musicale actuelle (effet conjoncturel qui devrait bien vite s’estomper) m’incline à revenir sur Nasser. Ce trio marseillais est encore assez obscur et cantonné au relatif anonymat des petites salles, mais présente toutefois l’une des propositions musicales les plus excitantes du moment, avec un electro rock aussi libre que millimétré, d’une redoutable précision. En formule trio guitare, machines et batterie, Nasser soumet l’efficacité des beats à l’urgence de l’électricité et convainc aussi bien sur le dancefloor que sur scène ou dans l’intimité de son salon. Enfin, leur album « #7 » est également impérial en voiture. C’est sans doute l’un des meilleurs albums français sorti en 2013, qui aurait pu avoir une portée internationale. Mais las ! Les trop frileux médias et le goût décidément au ras les pâquerettes du grand public ne sauraient le permettre dans la France d’aujourd’hui.
« Bronson » est une chevauchée au long cours au sévère rythme rock confinant à la transe et aux subtiles dissonances, où retentit une mélodie insistante en ostinato déclamée d’une voix grave à la fois chaude et altière (le batteur barbu tient le micro). Le rythme change, passant en ternaire pour la longue et très électrique coda instrumentale. On n’est pas loin avec « Bronson » d’autres grands rockers européens comme dEUS. Par contre, Nasser aborde plus volontiers (et avec grande compétence) les rythmiques robotiques inspirées par le krautrock et les séquences discoïdes à la Giorgio Moroder. Je ne saurais que trop vous recommander d’écouter « #7 » et d’aller les applaudir sur scène.
Live Deezer session (« Bronson » à 3:26)… Les deux autres chansons sont pas mal non plus !