Chers amis mélomanes, je voulais ce vendredi vous parler du flash que j’ai ressenti lundi en regardant le live d’Ibeyi au Grand Journal, interprétant « River« . Ibeyi, c’est le nom des dieux jumeaux yoruba, la langue du vaudou cubain. Langue des esclaves déportés du Golfe de Guinée à Cuba, que les soeurs jumelles Lisa-Kaindé (coupe afro) et Naomi (cheveux lisses) Díaz pratiquent, et pour cause, ce sont les filles de feu Anga Díaz, percussionniste du Buena Vista Social Club, deux jumelles venezuelo-cubaines de seulement 17 ans qui ont grandi à Paris.
Leur principal fait d’armes est d’avoir signé sur le label anglais XL (Adele, the Horrors, Radiohead…) propriété de Richard Russell, partenaire musical des escapades solo de Damon Albarn. Il est vrai qu’on retrouve dans « River », comme dans les oeuvres en solitaire de ce dernier, cette économie de moyens, ce « less is more » musical qui n’empêche surtout pas la richesse mélodique et la finesse des arrangements. Un cajón (percussion préférée du père, dont elles apprirent les arcanes à la mort de celui-ci), quelques programmations et nappes synthétiques, un riff de piano suffisent à créer le climat moite et sensuel, et aussi un tantinet hiératique de « River ».
Et en est surtout cueilli par les voix, belles et indomptées des deux soeurs, celle, principale, de Lisa-Kaindé est assez remarquable, et les choeurs de Naomi lui donnent un relief escarpé. Leur premier disque vient de sortir dans le monde entier. Elles y chantent en anglais, espagnol, français et yoruba. Et m’est avis que ça va faire un carton ! Alors profitons-en avant d’en être saturé…