C’est l’un des groupes français qui s’exporte le mieux, aux côtés de Daft Punk et Phoenix, ils font un carton énorme au Japon et ceci depuis leur premier disque en 1999 et pourtant quasiment personne ne le sait ici… Tahiti 80, cinq garçons établis à Rouen (on fait difficilement moins branché) où ils ont leur propre studio qui enchaînent les albums dans l’indifférence quasi-générale en France… Pourtant, chacun de ceux-ci, et le tout nouveau « Ballroom » (enregistré entre Rouen et l’Oregon) ne fait pas exception, est d’un goût exquis et déroule une pop luxueuse aussi efficace que sophistiquée, confectionnée par des artisans surdoués et appliqués. Pas très rock n’roll, tout ça, non, mais de la très belle ouvrage.
« Missing » est un très bon exemple du savoir-faire de Tahiti 80 et cette chanson me trotte dans la cervelle de façon obsessionnelle cette semaine (c’est donc la parfaite « Song of the week »!). Sur une rythmique basse/batterie racée aussi précise que ouatée, le genre de tempo qui s’impose quand on roule le long de la côte en Californie du Sud se greffent des riffs de synthé planants et des guitares tout en sustain et la voix haut perchée de Xavier Boyer balance une mélodie tubesque au possible, tout en étant plutôt mélancolique. Le final est quant à lui franchement héroïque. Bien sur, l’ensemble n’est pas sans rappeler Phoenix (surtout époque « Alphabetical ») et les choeurs vocodés font écho à Daft Punk. Mais Tahiti 80 est un groupe français, rappelons-le.
Bref, il serait temps que la mère patrie reconnaisse les siens, en particulier quand ceux-ci sont si brillants.
Notons que le chanteur et compositeur principal Xavier Boyer avait sorti en solo un exquis album folk « Tutu to Tango » en 2007 sous le nom Axe Riverboy (anagramme de son nom), hélas passé aux oubliettes à cause du rachat de son label par Universal. On est un certain nombre à le chérir…