SOTW #26 : Written On The Forehead, PJ Harvey

Je vais pour une fois coller à l’actualité en postant une chanson sur la guerre. Pas un réquisitoire façon protest song, non, mais un constat aussi définitif qu’extrêmement intelligent. Comme un reporter photographe de guerre, PJ Harvey lance des images d’une force indéniable en décrivant un paysage et des gens dans une ville éreintée par la guerre, quelque part dans le Golfe.

J’éprouve une admiration sans bornes pour Polly Jean « PJ » Harvey. Son dernier album « Let England Shake » dont est issu ce « Written On The Forehead » date de 2011 et est une oeuvre majeure dans une trajectoire artistique magistrale. Chacun de ses albums est unique, l’interprétation vocale comme l’ambiance musicale retenues sont chaque fois parfaitement adaptées au contenu de ses disques et d’une rare pertinence.

Pour « Let England Shake », son 8e album à 41 ans, lequel traite de guerre et des massacres consentis au nom de l’empire colonial britannique (on est vraiment loin de la pop music…), elle opte pour une voix haut perchée (loin des râles punk blues des débuts) et une instrumentation folk rock justement très anglais et cela fonctionne à ravir. « Written On The Forehead » est une étrange mélopée, bâtie sur un sample de reggae, dont le refrain guerrier « Let it burn, Blood and fire » (que çà brûle ! du sang et du feu) flotte comme une rage incontrôlable au dessus de la douceur de la musique. D’accord,  c’est du lourd, mais les temps sont graves.

Exceptionnellement, je vous transcris les paroles et une (modeste) traduction :

People throwing dinars at the belly-dancers
In a sad circus beside a trench of burning oil
People throw belongings, a life-time earnings
Amongst the scattered rubbish and suitcases on the sidewalk
Date palms, orange and tangerine trees
And eyes are crying for everything
I talked to an old man by the generator
Standing on the gravel by the fetid river
He turned to me then surveyed the scene
Said « War is here in our beloved city »
Some dove in the river and tried to swim away
Through 10,000 tonnes of sewage, fate written on the forehead
Date palms, orange and tangerine trees
And eyes are crying for everything.      (PJ Harvey)

Des gens lancent des dinars aux danseuses du ventre
En un cercle triste à côté d’une tranchée où brûle du pétrole
Des gens jettent leurs possessions, les économies d’une vie
Au milieu de détritus éparpillés et de valises sur le trottoir
Des palmiers dattiers, orangers et mandariniers
Et des yeux pour pleurer pour tout cela
J’ai parlé à un vieil homme près de la centrale électrique
Debout sur le gravier près du fleuve fétide
Il se retourna vers moi et dit
« la guerre est ici, dans notre chère ville »
Certains plongèrent dans la rivière et tentèrent de partir en nageant
Au milieu de 10 000 tonnes d’hydrocarbures
Le destin écrit sur leur front
Des palmiers dattiers, orangers et mandariniers
Et des yeux pour pleurer pour tout cela.

(Vous excuserez la platitude de cette traduction à l’arrache, mais la poésie est sans doute ce qu’il y a de plus difficile…)

Bonne écoute.

Clip officiel ci-dessus, dirigé par le photographe de guerre Seamus Murphy.

En concert à Sydney :