Le hot ticket récemment, c’était de se dégoter une place pour le concert release party du « DAY / NIGHT » de Parcels à la Cigale le 5 novembre. Las, les places étaient épuisées dix secondes après l’ouverture à la vente, à se demander si celles-ci n’avaient pas été réservées à six-cents happy few parisiens, mais je m’égare. Le fait est que la campagne de lancement du futur et second album des jeunes Australiens a été jusqu’ici un modèle d’efficacité.
J’avais déjà présenté le groupe avec un extrait de leur premier album, le délicieusement disco funky Lightenup (SOTW #164). Parcels ont ensuite massivement tourné, ce qui a permis aux cinq musiciens de développer leur impeccable cohésion instrumentale. Pour les avoir applaudis en décembre 2019 à Lausanne, je ne peux que louer ces jeunes gens, impressionnants instrumentistes et chanteurs qui savent conserver malgré tout une authentique fraîcheur. Ils ont ensuite, comme tout le monde, dû affronter la pandémie et les confinements. D’abord à Berlin où ils s’étaient installés pour devenir professionnels. Ils ont profité d’un premier déconfinement pour enregistrer un album dans les conditions du live dans les légendaires studios Hansa (où Bowie avait enregistré « Heroes »…). Ils revisitent dans « Live Vol. 1 » leur répertoire, du premier EP (l’excellent « Hideout ») et leur single composé avec Daft Punk (l’imparable Overnight) à l’album « Parcels ». Ce condensé de pop disco-funk épicé à l’electro et au soft rock se teinte dans ces versions de touches jazz et prog qui ne sonnent jamais vaines ou prétentieuses, mais laissent entrevoir, une fois ce chapitre clos, vers quoi le groupe pourrait évoluer. Puis les cinq garçons sont retournés dans leur Australie natale pour se ressourcer et commencer à envisager la suite.
De retour en Europe, Parcels se sont enfermés dans le décidément très côté studio de la Frette à côté de Paris pour enregistrer un deuxième album, secondés par James Ford (Arctic Monkeys, Shame…) aux manettes et Owen Pallett, le génial arrangeur de cordes des Last Shadow Puppets et d’Arcade Fire. « DAY / NIGHT » sera un double album, contenant dix-neuf morceaux et proposant, comme son titre le laisse supposer, deux ambiances. Depuis quelques mois, des titres de l’album sont dévoilés (cinq à ce jour), créant ainsi un intérêt grandissant chez le public, qui devrait selon toute logique se jeter sur l’album le jour de sa sortie (la campagne de promotion du nouveau Damon Albarn a suivi la même recette). Les trois premiers morceaux sont pop, dansants et solaires. Free, Comingback et Somethinggreater (le groupe conserve sa petite manie calligraphique d’agréger les mots composant leurs titres) sont aussi euphorisants que sophistiqués. L’étrange et planant Shadow allie orchestrations dramatiques et incantations chorales, The worstthing déroule un groove sur vérins et une mélodie qui n’auraient pas déparé sur le « Random Access Memories » de Daft Punk, encore eux. Le grain ainsi donné à moudre annonce une oeuvre aussi excitante qu’intrigante, et je n’en attends pas moins de la part de Parcels. L’hymne évident, pour autant, reste Somethinggreater. Amenée par le bassiste aux boucles blondes Noah Hill, lequel assure ici le chant principal, cette chanson aurait suscité l’enthousiasme unanime du groupe. La musicalité est ici remarquable, de la batterie souple et stylée à la basse über-groovy, des guitares cristallines aux accents de cordes et de claviers, chirurgicalement bien placés. Le refrain est parfaitement évident à reprendre en chœur, quant aux chœurs, ils sont divins, savants et d’une absolue justesse. Le professionnalisme de ces poster boys m’hallucine, d’autant plus que leur candeur reste intacte, et c’est cela qui pourrait le mieux définir le style Parcels, classique mais personnel, vintage mais moderne (même si les éléments electro semblent avoir disparu au profit d’une approche plus volontiers acoustique et chaleureuse), intemporel et universel évidemment. M’est avis que leur musique n’a pas fini de nous accompagner. Et on espère ardemment les retrouver sur un festival cet été ou dans une salle près de chez nous…