Il y a quelque chose qui relève de l’animal chez les Doors. Groupe de hippies californien un poil psyché, un poil pop. Un premier album qui fait chavirer la côte Ouest, en 1967. Et puis tout dégringole. Le paon Jim Morrison se transforme en ours alcoolique, irascible, bouffi par les médocs, le bourbon et les amphétamines. « Morrison Hotel » est la bande son de cette soudaine descente aux enfers. Le Vietnam, la dope, le rêve hippie brisé, l’Amérique des bas fonds, tout y passe, avec une hargne jusqu’alors contenue. Le gain sur la guitare de Robbie Krieger en est presque surprenant, les textes d’une violence rare. Alors que « Roadhouse Blues » sent bon l’asphalte et l’échappée sauvage, on parle de sang dans les rues (« Peace Fog ») et d’une jeune paumée (« Maggie McGill ») comme le groupe a du en croiser par centaines à silloner le pays, fruit d’un coup d’un soir sur la banquette arrière d’une bagnole entre une prostituée et la rockstar. Sans le savoir, Morrison vient de signer son arrêt de mort. Le bal macabre se terminera un disque plus tard avec le rugueux « LA Woman ». Jim avait 27 ans.
Année : 1970
Origine : Etats-Unis
Pépite : « Waiting For The Sun »
Eat : Chicken Delight Sandwiches
Drink : Bushmills on the rocks
Je me revois à 17 ans. Une ferme perdue entre Auckland et Hamilton, sur l’île du Nord de la Nouvelle Zélande. On est début 2004. Des typhons font grimper le taux d’humidité dans le Pacifique Sud. Assis sur le canapé, C4, le MTV local diffuse le clip du nouveau single des Datsuns. La baffe. « Blacken My Thumb », 2 minutes et 46 secondes de hard rock racé, urgent et volatile. Le nouveau chouchou du NME confirme son statut du meilleur nouveau groupe de l’hémisphère sud. Produit par John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin, le deuxième opus des Kiwis reprend là où le disque précédent nous avait laissé : des hymnes accrocheurs beuglés par une bande d’énervés (« Hong Kong Fury », « I Got No Words ») qui a passée son adolescence à se prendre pour Deep Purple, T-Rex et Ted Nugent dans un garage perdu au fin fond de sa campagne. Malgré la lourdeur du genre, les titres restent fluides et marquent toute une génération d’adolescents boutonneux aux quatre coins du globe. Japon, Australie, Europe. Les Datsuns s’exportent bien. Tant mieux pour nous !
Année : 2004
Origine : Nouvelle Zélande
Pépite : « Lucille »
Eat : Une épaule d’agneau sauce Peppermint
Drink : Une demi douzaine de Waikato Draught
Cheap Trick. Un groupe inclassable. Pas toujours facile à prendre au sérieux. Et pourtant. Ce premier album des Américains est un concentré de ce qui se fait de mieux dans la région entre 1975 et 1980. Un pied dans le punk, l’autre dans la power pop, « Cheap Trick » recèle de pépites accrocheuses (« ELO Kiddies », « He’s A Whore », « Taxman Mr Thief »). « Cry Cry » en est à verser une larme dans son milkshake à la fraise. Cheap Trick a autant à voir avec Aerosmith qu’avec les Beatles, et c’est pour ça que ça fonctionne. Le Japon en raffole, les stations radio du Midwest aussi. La réédition de 1998 comprend une version démo de leur délicieux tube « I Want You To Want Me », qui permettra au band emmené par le duo Rick Nielsen-Robin Zander de conquérir de nouveaux horizons. Ce premier album reste une pierre angulaire du rock américain. Un must-buy, sans aucune hésitation.
Année : 1977
Origine : Etats-Unis
Pépite : « He’s A Whore »
Eat : Chicago style Pizza
Drink : Un milkshake à la fraise