SOTW #41 : Sound of Kuduro, Buraka Som Sistema

Cette semaine, ça risque de grincer entre certaines oreilles… J’ose marcher en équilibriste sur le fil ténu entre le très bon et le très mauvais goût cette semaine en rendant hommage à ces nouvelles musiques de danse surgies dans les ghettos de Curitiba, Bogotá, Le Cap ou, comme c’est le cas ici, Luanda, tentaculaire capitale angolaise. Le kuduro est une musique née en Angola, mélange de semba traditionnelle, de breakdance et d’electro. Le kuduro (pour « culo duro », cul dur) a aujourd’hui atteint une popularité internationale, pour le pire plutôt que pour le meilleur et alimente aujourd’hui les sonos des boîtes de nuits les plus minables de province. Cependant…

Quand « Sound of Kuduro » surgit dans les écouteurs de mon iPod en position random lors de mes marches rapides, j’avoue que l’énergie tonitruante et vitale déversée par cette bacchanale sonore me fait accélérer le pas, voire m’invite au dandinement. Ce manifeste a été gravé par le collectif portugais Buraka Som Sistema. Originaires d’Amadora, très moche banlieue lisboète entre autoroute et aéroport,  ville championne ès-violence urbaine et melting-pot unique en son genre en Europe, ils bénéficient pour ce premier jet du parrainage de la très branchée et douée artiste anglo-tamoule M.I.A. qui se charge du refrain en forme d’invitation « All aboard » (tous à bord…). Car c’est un vrai voyage dans les bas-fonds de Luanda que Buraka Som Sistema propose, conviant au passage des MC locaux à rapper (en portugais bien sur). Le premier rap, celui de Saborosa, est impressionnant de crudité et de dynamisme, celui de Puto Prata est tout aussi rageur et énergique. Mal fagotée, rêche et pourtant sexy et irrémédiablement catchy, la formule de Buraka Som Sistema tape droit au plexus.

La vidéo, montrant des danseurs de kuduro à Luanda est tout aussi vitale. Grain sale, danse aussi tendue que virtuose, c’est ici aussi, forte de ces énergies indomptables, que se réinvente la musique.

Beijinhos.