Suivant le conseil avisé de mon jeune ami rockophile Quentin, j’ai jeté une oreille sur le nouveau et déjà énième disque de Ty Segall, ai acheté dans la foulée son dernier disque (double LP) « Manipulator », lequel n’a pas quitté ma platine depuis. C’est ce qu’on peut appeler un excellent feedback !
Produit d’Orange County, partie ultra-wasp de la Californie entre L.A. et San Diego et donc surfer, Ty Segall est un musicien de 27 ans aussi prolifique qu’inspiré, balançant des disques rock, grunge voire hardcore depuis 2007 à une cadence infernale, souvent réalisés à la machette mais toujours inspirés, Avec « Manipulator », le blondinet sosie de l’acteur Owen Morris a décidé de prendre son temps et de peaufiner les choses, tout en jouant quasiment de tous les instruments lui-même. En ressort cet excellent disque de pur glam rock, influencé par Bowie (Ty Segall a confié en interview qu’il aimerait faire l’amour avec Ziggy Stardust, donc total respect et objectif atteint ici !), les Stooges et T. Rex, il ravive ce genre tout en y injectant un son plus dur, plus grunge et c’est une réussite totale.
« The Singer » est un blues en ternaire qui emprunte la suite d’accords de « Rock n’Roll Suicide » de Ziggy, le tempo lourd et groovy de « Drive-in Saturday » du même Bowie et la voix de Marc Bolan, l’exquis chanteur de T. Rex. Les arrangements de cordes ressemblent aussi à ceux que Tony Visconti écrivait pour T. Rex. Mais les rèches riffs de guitare et l’énergie dissonante du solo de guitare pimentent joliment l’ensemble, qui ne sonne jamais passéiste. Avec sa mélodie insistante et ses choeurs en falsetto, ce « Singer » deviendra vite obsédant. Quant à moi, je me suis sans aucune réserve converti au talent fou de Ty Segall.