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© Sophie D'Henin

Je ne peux plus supporter de voir ta boîte aux lettres vide

Paris, le 15 décembre 2017

La salle des pas perdus de la Gare de ton choix

 

Je ne peux plus supporter de voir ta boite aux lettres vide. Ne soyons pas de ces gens qui ne s’écrivent plus, tu veux bien ? Cela ne nous ressemble pas. Il y a trop de non-dits, de petits riens laissés au vent, d’anecdotes et de mots doux qui se perdent pour ne jamais trouver aucune oreille. J’en ai assez de ce creux dans l’existence, de cette tombe déserte ou à moitié pleine de publicités nazes et de factures. Elle prend donc fin aujourd’hui, cette absence de timbre, d’enveloppe et de papiers, par ces lignes qui te sont adressées, à toi et à personne d’autre.

Aujourd’hui je t’écris pour la toute première fois, et le ferai aussi souvent que possible. Ce ne sera peut-être pas toujours des romans, mais de quoi alimenter tes lectures quotidiennes c’est certain. Quelques mots griffonnés au dos d’une carte, ou sur le papier à lettre d’un hôtel… qu’importe la façon pourvu qu’on ait la lettre ? Dépaysons-nous un instant tu veux bien ? Ce sera de l’ailleurs, de l’autre, une fenêtre ouverte sur l’ordinaire… et de la tendresse oui, plus qu’il n’en faut. J’en ai à revendre et ne te l’ai pas dit assez souvent sans doute, jusqu’à aujourd’hui.  

Je vais partir moi aussi. Il faut être loin pour écrire. Je vais prendre le train mais je ne te quitte pas pour autant. Au contraire. La tête appuyée aux paysages qui n’attendent que moi, je t’enverrai de nos nouvelles, des parfums, des lumières, des musiques et tout ce qui me tombera sous la main.

 

Que ces mots te soient une douceur quotidienne et je serai content.

 

A toi donc, et à très vite.

 

La bise.

 

J.

 

PS : je t’ai croisé à la sortie du métro hier matin, tu avais un beau manteau.