Vous l’avez bien sur constaté, j’ai largement failli dans mon voeu de régularité ces derniers temps, mais n’ayant pas encore récupéré le son sur mon mac (cela devrait enfin être résolu la semaine prochaine), écrire une telle rubrique devient très compliqué. Mais on peut heureusement toujours écouter des disques, à l’ancienne, et la première plage de « Painting With », le dernier album d’Animal Collective m’a attrapé l’oreille. Ça s’appelle « FloriDada », et c’est aussi barré qu’irrésistible. Une bulle fluo à la saveur acidulée qui explose dans votre cerveau…
Depuis douze ans, ce quatuor de Baltimore aujourd’hui trio (où officie Panda Bear, créateur de la vrombissante « Mr Noah », Song of the Week #42), basé à New York, balance une musique complètement libre et cinglée, Armés de claviers, de machines et de percussions folles et d’on ne sait quoi, l’instrumentation est aussi dense que floue, ils imbriquent leurs voix pour générer une espèce de yodel céleste et ethéré totalement inédit. Tribale et futuriste, très intuitive, bricolée, semant ça et là des chausse-trappes au milieu d’un labyrinthe sensoriel, dadaïste (car derrière le jeu, il y a une idée très punk de destruction du passé) et cubiste, la pop d’Animal Collective crée une osmose entre folk et électronique, multiplie les expérimentations mais sait rester touchante et émotionnelle. Mieux, ces garçons au look de hipsters geek ont un sacré sens de l’humour et ils ne rechignent jamais à s’en servir. « Merriweather Post Pavillion », leur incontesté chef d’oeuvre de 2009 où ils imposèrent avec succès leur vision si personnelle du psychédélisme avait généré un gros hit « My Girls », samplé aujourd’hui par Beyoncé… Avec « Painting With », ils vont plus loin dans l’énergie, le tribal et le multicolore avec des compositions plus courte et plus percutantes. Et c’est une nouvelle réussite.
Pour preuve éclatante ce « FloriDada » (pop dadaïste, je vous le disais) aussi immédiat que déconcertant, à la folle énergie multicolore, comme des Beach Boys sous MDMA. C’est à la même altitude pop qu’Animal Collective plane. Est-ce un hasard s’ils ont enregistré cette pastille aux studios EastWest de Los Angeles, là où Brian Wilson a commis son immortel « Pet Sounds »? Cette vraie summer song est un concentré d’optimisme aussi béat que bienfaisant. Ce n’est pas rien en cette sombre époque…