Nile Rodgers a le toucher de Midas. Dès qu’il place sa Stratocaster qu’il a nommé the Hitmaker quelque part, ça devient un hit. « We are Family » de Sister Sledge, « Upside Down » de Diana Ross, « Let’s Dance » de Bowie, « The Original Sin » d’INXS, « Like a Virgin » de Madonna, « Don’t Stop The Dance » de Bryan Ferry, « Notorious » de Duran Duran et même… « Spacer » de Sheila sont des énormes hits où résonne la patte de Rodgers, à l’écriture, la production et la guitare. Talent toujours intact, toucher de guitare funk magique qui a permis à Daft Punk d’atteindre le pinacle avec « Get Lucky » et « Lose Yourself to Dance ». Il y a aussi surtout tous les imparables tubes qu’il a composé à New York avec son groupe Chic. Et Chic, c’était Nile Rodgers à la guitare et Bernard Edwards à la basse. Le meilleur tandem guitare/basse de toute l’histoire de la musique. Point barre.
Formé au milieu des années 70 à New York, Chic a vite imposé un style tranchant dans la production disco/r n’b de l’époque. Excellence musicale appuyée par la frappe féline et précise du batteur Tony Thompson, avec chants féminins à l’unisson et riffs de cordes. Une formule finalement assez minimaliste pour les canons du genre. Je me téléporte en écoutant Chic dans mes années lycéennes, quand je jouais « Le Freak » et « Good Times » sur le juke-box. J’aimais le rock et le punk, ce qui ne m’empêchait jamais de me trémousser (comme les autres, d’ailleurs) sur les chansons de Chic dans les boums et les boîtes.
Le groupe a déroulé un nombre conséquent de tubes, a fait danser le monde entier avant d’être victime du backlash bas-du-front orchestré par la campagne « Disco Sucks » en 79, quand une horde de rednecks surexcités a orchestré un gigantesque autodafé de disques de disco dans un stade à Chicago. Brûler Chic pour encenser Bon Jovi, c’est quand même une preuve du goût exquis du public américain moyen. Après ce coup de force des rednecks sur les musiques noires, Chic n’a jamais retrouvé le succès massif. Par contre, quelque part dans le Bronx, de jeunes types nommés Sugarhill Gang s’emparaient de la fabuleuse ligne de basse de « Good Times » pour créer le premier morceau de hip hop « Rapper’s Delight ». C’est dire l’importance historique de la musique de Chic.
« Chic Mystique » est issu du comeback du trio Rodgers/Edwards/Thompson « Chic-ism » en 1992. Pas leur meilleur cru, tant s’en faut, mais ce single est tout simplement épatant et simplement irrésistible.
Bernard Edwards est mort d’une pneumonie en 1996 après un dernier concert de Chic à Tokyo. Aujourd’hui, et à la veille de sortir un nouveau disque de Chic, Nile Rodgers sillonne les scènes avec où il décline ses tubes avec joie et un enthousiasme toujours intact, sa Hitmaker en bandoulière.
Clip officiel ci-dessus (version edit), qui sent bon le bon goût du début des 90’s.